Le devoir trouve sa récompense en lui même et n’attend  de personne sa rémunération. L’article de Ferida Dahmani paru sur le magazine “Jeune Afrique” du 04/05/2013, concernant le sauvetage de la sellerie traditionnelle a été le déclencheur d’un espoir. Alors nous avons agi. Malgré les moyens limités, malgré la mauvaise approche des dirigeants du secteur, nous avons relevé le défi. Grâce à l’engagement de Mohamed Ali Meherzi Souii, Najla Chaar,  Khadija Ben Hassine, Samir Snoussi et Mai Massoud nous avons semés avec courage et persévérance les graines de l’espoir et les greffons de la dignité. Durant le quinquennat (2014/2018) l’USIC a mis en évidence le fabuleux potentiel de la filière équine en matière de sauvegarde du savoir ancestral et du patrimoine, de création d’emplois, de création de produits inédits ainsi qu’une capacité à supporter des secteurs tel que la communication et l’événementiel. Cette première expérience a été une merveilleuse aventure humaine porteuse d’espoir et génératrice de confiance auprès de jeunes dépités, de moins jeunes résignés, d’artisans en voie de disparition et d’artistes en manque d’inspiration. Nous gardons en mémoire l’image de ces jeunes devenus l’instant d’un spectacle, d’une poignée de main, d’un passage à la télé, les héros de leur quartier et les défenseurs de cette identité, modèle pour les plus jeunes et nostalgie pour les plus âgés.
C’est pour eux que nous nous engageons dans cette seconde aventure avec le soutien de Tfanen – Tunisie Créative ,  dans l’espoir de protéger ce merveilleux pacte de confiance acquis auprès de ceux pour qui la confiance ne signifiait plus rien.

Trad Ben Gobrane

L’Equitation Traditionnelle projet Tfanen

Ce projet ambitieux se propose de réaliser l’inventaire du patrimoine culturel immatériel rattaché à l’équitation traditionnelle puis de valoriser ce patrimoine pour créer une dynamique de développement durable dans les zones où se pratique l’équitation traditionnelle. Il a été conçu par Trad Ben Gobrane avec le concours de Mourad Sakly et Najla Chaar. Il est piloté par Khadija Ben Hassine (Al Adiyat), Mai Massoud (USIC), Zahra Ben Khalifa (Altissimo Consulting), Asma Ben Hassine (T’Fanen), Med Imeme Kordi (USIC), Hiba Touati (USIC) et Atef Chaabani (USIC). C’est un projet  financé par l’Union Européenne dans le cadre du Programme d’Appui au Secteur de la Culture en Tunisie (PACT) du Ministère des Affaires Culturelles. Le projet est une collaboration du réseau EUNIC (Instituts Culturels Nationaux de l’Union Européenne). Il est financé par T’Fanen dans le cadre du fond de pérennisation des festivals et de la valorisation du patrimoine culturel. Il a également bénéficié du soutien et des conseils de personnalités passionnées à qui nous adressons nos vifs remerciements: Cherif Zaouch, Alia Ktari, Amel Djaiet, Hichem Ben Ammar, Dr Faten Lasfer, Colonel Belhassen Ounaies, François Fortiolli Conti, SE Mohamed Ali Chihi,  Pr Anass Annabi, Dr Mohamed Ezzaouia, Abdellatif H’Mam, Ines Hendili, Abderrazak Bahbou, Ahmed Rayane,  Fatma Kilani, Hanane Bakkali, Daniéle Bernardini, Tamara Papiccio, Maher Klibi, Zied Chargui, Fériel Ghadhoumi.

Présentation

La tourmente qu’affronte, actuellement, le monde dans sa globalité et, plus particulièrement, le monde arabo-musulman  est d’abord culturelle. Elle se fonde sur une représentation d’un soi ramené vers une spiritualité figée sans mélange de “l’autre”. La “pépinière” de cette doctrine se trouve dans cette jeunesse abandonnée, marginalisée, sans expérience et sans connaissance, avec une absence d’encadrement et de soutien amplifié par un sentiment d’écrasement du rêve par un réel injuste qui revoie vers la haine, l’intolérance, la vengeance. Remettre une jeunesse dans le présent passe par la connaissance de ce passé glorieux qui la mènera vers une redécouverte de sa civilisation. Plusieurs études sociologiques menées dans des zones dites « marginalisées » confirment cette approche. Dans les régions oubliées de Béja, Jendouba, Le Kef, Siliana, Gafsa, Sidi Bou Zid, Kasserine, Gabés nos enfants sont candidats à l’immigration clandestine, à l’endoctrinement voir au suicide. Or ces régions, naguère berceau des guerriers numides d’Hannibal, des cavaliers zénètes de Tarik et des compagnons d’Ibn Fourat , sont les plus touchées par l’inégalité du développement régional. Pourtant, elles disposent d’un formidable patrimoine commun avec l’Hispanie Andalouse, l’Italie Romaine et Syracuse la musulmane. Dans ces régions d’héritage commun où se pratique depuis des siècles une équitation traditionnelle “semblable” autour d’un même écosystème cheval , aucun programme d’animation et de valorisation de cet héritage n’est proposé , aucune action de reconnaissance historique ni de réconciliation culturelle n’est entamée par la communauté méditerranéenne. Grâce à une consultation nationale menée par l’USIC en 2013 auprès des jeunes de ces régions pour comprendre leurs préoccupations et répondre à leurs attentes, l’USIC, avec la collaboration de l’association Al Adiyat, a élaboré un programme dont l’objectif est de faire habiter ces jeunes leur culture, les faire vivre dignement de leur passion et de les élever au rang de dépositaire de leur savoir ancestral afin de participer à la valorisation d’un espace méditerranéen, socle d’une histoire commune et d’une civilisation millénaire .

Pr Khadija Ben Hassine

Chronologie 

2013:  une consultation nationale autour de la filière équine menée par l’USIC et agréée par le ministère de l’Agriculture a permis de classer l’équitation traditionnelle comme un patrimoine menacé de disparition.

2014: l’USIC commence un Programme autour de l’équitation traditionnelle comportant l’identification des principaux détenteurs du savoir ancestral de chaque région, l’organisation de festival locaux et régionaux  pour la sélection, l’encadrement et la formation des jeunes intéressés par les métiers liés à l’équitation traditionnelle et enfin pour le sauvetage des métiers menacés. Ce travail est couronné par la réalisation du premier spectacle équestre son et lumières en Tunisie.

2016: Ces jeunes cavaliers créent la chambre syndicale des cavaliers traditionnels. En partenariat avec l’association Al Adiyat, aile culturelle de l’USIC, cette chambre constitue aujourd’hui la plateforme créative de programmes de sauvegarde et de développement de ce PC. Elle a assuré des spectacles en collaboration avec l’ONTT à DeauvilleCôte d’Azur , Syracuse, Marseille. Plus de 40 jeunes cavaliers adhérents participent aux différentes actions prévues par cette chambre. 

2018: Trois régions liées à ce patrimoine sont au cœur d’un programme d’inventaire et de valorisation de cet art: La Manouba (Ariana, Siliana), Le Kef et Kasserine (Gafsa Nord). Ce sera “L’Equitation Traditionnelle un patrimoine ancestral à revitaliser” soutenu par Tfanen Tunisie créative.

2020 : Grâce à ce projet, un pan entier de notre patrimoine est en voie de sauvetage et de pérennisation. Ce qui était considéré comme menacé de disparition en 2013 est devenu un secteur générateur d’emplois en 2020. Un business plan permettant de créer 250 emplois directs  a été développé par les jeunes durant les formations. Trois selliers ont été sauvés de la faillite . Ils ont renoué avec l’art de la sellerie traditionnelle qui leur permet aujourd’hui de gagner leur vie avec ce renouveau de l’équitation traditionnelle. Dix postes d’emplois permanents ont été créés . Également, trois circuits de randonnées équestres et de compétitions d’endurance sont en cours de réalisation engageant 18 jeunes. Enfin la préservation du droit de propriété intellectuelle de ce patrimoine est en cours de réalisation

Description  du  Projet 

Le projet consiste à effectuer l’inventaire des techniques et des savoirs traditionnels en rapport avec l’équitation traditionnelle et le patrimoine qui lui est rattaché. Dans une première phase, un groupe de jeunes cavaliers universitaires en situation de chômage s’est constitué pour piloter ce projet avec l’aide de personnes ressources détentrices du savoir ancestral. Un cycle de formation leur a été dispensé pour maîtriser les mécanismes de collecte d’informations et remplir les fiches d’inventaire selon les normes de la Convention de 2003 de l’UNESCO. L’objectif de réaliser 60 fiches a été fixé et jugé acceptable. Puis s’en est suivi l’établissement d’une feuille de route pour chaque équipe et chaque région comprenant une liste exhaustive des cavaliers à interviewer et des acteurs rattachés tels que les musiciens, les grooms, les familles des cavaliers, les corps de métiers, la sellerie. L’inventaire a été réalisé avec le consentement préalable, libre et éclairé des intervenants. Pour chaque élément identifié, le travail a été consigné sur une fiche d’inventaire fournie par Altissimo Consulting , chaque fiche comportant les enregistrements, photos, vidéos ainsi que les commentaires des experts et des anthropologues impliquées. Cette iconographie a été numérisée et incluse dans une base de données. L’ensemble de ce travail sera édité en fin de projet sur une matrice indépendante puis remis au Ministère des Affaires Culturelles pour son inscription auprès de l’UNESCO.

Ce projet a été sélectionné par T’Fanen Tunisie Créative pour la valorisation du patrimoine culturel. Il est à noter que 15 projets ont bénéficié d’un financement parmi 950 dossiers déposés. 

Financement du projet

Le coût du projet est de 256 000 DT assorti d’un imprévu de 10 000 DT. Ce coût est majoré d’environ 24 000 DT de travail bénévole de coordination, de recherches, de rédaction et de réalisation du chef de projet non budgétisé. Le Coût réel est donc d’environ 290 000 DT. T’Fanen participe à hauteur de 210 000 DT  soit 75% env et l’USIC à 80 000 DT soit 25% env.

Objectifs du Projet 

  • Réaliser au moins 60 fiches inventaires et 35 heures d’enregistrement pour préparer le dossier d’inscription de ce  Patrimoine  auprès des instances internationales responsables de la préservation de la propriété intellectuelle
  • Assurer un fil conducteur entre les personnes ressources et les cavaliers dépositaires juniors et réactiver ce lien culturel. 
  • Provoquer auprès des jeunes impliquées une réconciliation culturelle et une réappropriation de leur identité, de leur histoire et des valeurs morales dont elle est porteuse (honneur, bravoure, prestige).
  • Valoriser ce patrimoine  et cette réconciliation pour créer une dynamique d’emplois durables  et contribuer à promouvoir l’enracinement des jeunes dans leur région.
  • Proposer aux autorités responsables un Business Plan, élaboré à partir de la réalité vécue à travers le projet, pour garantir la durabilité des actions engagées.

Sélection des intervenants dans le projet 

  • Priorité aux jeunes cavaliers et cavalières avec un niveau académique supérieur et sans ressources. Ils seront considérés comme les futurs enquêteurs et formateurs de groupe.  
  • Priorité aux jeunes cavaliers et cavalières en exercice avec un niveau académique moyen et qui pratiquent l’équitation traditionnelle comme source de revenus. Ils seront considérés comme les cavaliers dépositaires.
  • Chacun de ces cavaliers-dépositaires se doit de parrainer un cavalier junior et de l’encadrer.

Déroulement du Projet

Le projet a débuté en juin 2018 puis présenté aux trois réunions organisées en octobre 2018, lors de trois réunions organisées au Kef, Kasserine et Sidi Thabet. Entre temps, une cellule de pilotage a été créée en juillet 2018. Elle se compose du concepteur du projet, Trad Ben Gobrane , de la présidente de l’association Al Adiyat, Khadija Ben Hassine ,de la représentante d’Altissimo Consulting, Zahra Ben Khalifa, et de la représentante de l’USIC, Mai Massoud. Ce noyau a fait appel aux personnes ressources déjà reçues lors des différentes manifestations organisées par l’USIC et l’association Al Adiyat, ainsi qu’aux personnalités nationales, Mourad Sakly, Najla Chaar, et locales, Mohamed Aouadi, Belgacem Kordi, pour créer un comité de pilotage du projet.Ce comité a établi une feuille de route proposée et agréée par T’Fanen, en la personne d’Asma Ben Hassine. Cette feuille de route a été présentée en octobre 2018 aux différents intervenants pour leur adhésion libre et éclairée. La clôture des inscriptions pour intégrer le programme a été fixée au 30 novembre 2018. Après le démarrage réussi, plusieurs demandes ont été formulées par d’autres régions pour participer au  programme. Nous avons relevé aussi l’apparition de certaines  susceptibilités communautaires et tribales . Dans une volonté fédératrice autour du projet, le comité de direction (le chef de projet, Altissimo Consulting, les personnes ressources, les personnalités locales) a proposé l’ouverture du programme à d’autres régions qui pratiquent le même type d’équitation avec une réforme des groupes de travail, mais tout en maintenant le plus strict respect des lignes définies par T’Fanen. Tous les intervenants ont accepté cette réforme technique et financière. 

Le comité de pilotage a ensuite lancé un appel auprès de jeunes cavaliers, également universitaires, des régions concernées, pour la participation à un cycle de formation relatif aux techniques de traitement des fiches-enquêtes selon la convention de 2003 de l’UNESCO. Dix sept jeunes ont suivi cette formation qui s’est étalée sur deux jours , pilotée par Mr Mourad Sakly. À l’issue de cette formation, cinq jeunes ont été retenus pour intégrer le comité de pilotage en tant que cavaliers-enquêteurs , et deux jeunes ont exprimé leur souhait de suivre l’évolution du programme pour, ensuite, démarrer un travail de recherche dans le cadre d’un Master universitaire.

La première réunion du comité de pilotage sous sa forme nouvelle a permis d’élaborer un calendrier de déplacements pour démarrer les enquêtes. Le travail d’enquête sur le terrain a débuté en janvier 2019, avec beaucoup de difficultés à cause des intempéries exceptionnelles survenues durant cette périodedans les régions du Kef et de  Kasserine( chute de neige, routes coupées) et l’apparition de nouveaux circuits éloignés tel Makthar et Gafsa Nord.  La clôture de ce travail prévue pour octobre 2019 a été réalisée avec un retard de trois mois soit le 27 décembre mais avec un résultat exceptionnel : l’établissement de 120 fiches inventaires et 75 heures d’enregistrements (une performance par rapport aux 60 fiches et 35 heures prévues et convenues initialement ). 

Le traitement individuel des fiches a nécessite plus de 1000 heures de travail. Chaque fiche comporte au minimum 12 fenêtres (spécificités) retranscrites en langue arabe à partir de l’interview réalisée. Chaque fenêtre comporte les minutages (début et fin) de l’interview durant lesquels l’interviewé évoque le sujet de la fenêtre en question. La fiche est ensuite traduite en langue française en respectant au plus près les expressions, souvent idiomatiques, utilisées par l’interviewé. Cette fiche est complétée à la fin par les remarques de l’anthropologue chargé de son traitement. Le traitement de l’ensemble des fiches a nécessité à lui seul plus de 200 heures de travail. Tous les recouvrements d’informations ont été repris par thème pour obtenir une base d’informations nécessaires à l’analyse anthropologique. Ce travail a été réalisé par les jeunes enquêteurs universitaires avec l’assistance de l’anthropologue chargé du dossier (Mme Ben Hassine). C’est le rapport final des enquêtes. 

Le traitement de ces informations ainsi que l’ensemble collecté durant les dernières années (consultation, formations, encadrement et proximité)  ont mené vers un travail de recherche sur le mode de vie des communautés concernées par l’inventaire et son influence sur le mode de pratique de l’équitation traditionnelle et ses spécificités. Cette recherche a fait appel aux sources écrites, malheureusement rares, et à la mémoire collective, collectée à partir de plusieurs sources différentes afin de se rapprocher au plus du réel. Ce travail, mené par le chef de projet, a nécessité environ 2000 heures d’engagement, de recherches et de rédaction (avec 5000 Km de déplacement)   

Durant la phase d’avancement des enquêtes, les jeunes enquêteurs ont pu établir avec précision une liste des cavaliers de leur région respective éligibles au programme de formation en équitation traditionnelle selon les techniques ancestrales. Celle-ci a été élaborée en collaboration avec les personnalités locales et les personnes ressources. L’approbation définitive des cavaliers-relais , des cavaliers-dépositaires et des cavaliers-d’appui s’est faite dans chaque localité concernée en présence du chef de projet, des personnalités locales et des ressources afin d’éviter les malentendus sur la sélection définitive.  Au total 36 cavaliers ont été retenus parmi 68 proposés. 

Pour la formation directe, 12 cavaliers-relayeurs ( ou formateurs ) ont été retenus. Chacun dans sa localité, ils sont chargés d’assurer un encadrement permanent du groupe de cavaliers-dépositaires placés sous leur responsabilité. Ils sont également chargés de superviser les formations dans les localités concernées sous le contrôle de la personne ressource de la région. Ainsi ces formations continues ont permis de rapprocher l’ensemble du groupe  et d’harmoniser les rapports.  

Pour les cavaliers-dépositaires  selon les traditions anciennes, la priorité a été donnée aux jeunes cavaliers et cavalières en exercice avec un niveau scolaire moyen et qui pratiquent l’équitation traditionnelle comme source de revenus. Leur niveau de pratique de l’équitation traditionnelle est jugé bon à excellent. Ils sont au nombre de 16 . Ils sont en relation directe avec les personnes ressources.

Les cavaliers-dépositaires ont la responsabilité d’encadrer d’autres cavaliers plus jeunes et moins expérimentés mais naturellement doués pour faire évoluer leur équitation ainsi que leur rapport avec les cavaliers des autres régions. Ces jeunes cavaliers sont classés cavaliers d’appui et sont au nombre de 12 . Ce groupe comporte, en plus, 4 cavaliers-régisseurs.

Chacun des cavaliers d’appui doit de parrainer un cavalier junior. Le nombre de cavaliers juniors sera de 16 dont deux s’orientent vers la chorégraphie des shows équestres. Le choix définitif de la liste des cavaliers juniors se fera en fin de programme et donnera lieu à une formation spécifique assurée par les personnes ressources. On réalise ainsi un objectif majeur du programme : celui d’ assurer un fil conducteur entre les générations (personnes ressources et cavaliers-dépositaires juniors) provoquant ainsi une réconciliation culturelle et une réappropriation identitaire de l’ensemble de l’écosystème cheval dans cette communauté.

En appui au travail déjà cité et en vue de préparer correctement la dernière phase du programme, celle du rendu final sous forme de spectacle sons et lumières, le comité de pilotage a fait appel à des cavaliers ayant participé au spectacle de 2014 pour apporter cette expérience et ce vécu.  Ceux-ci, au nombre de 4 sont classés comme cavaliers-d’appui dont deux comme régisseurs. L’équipe chargée de la réalisation du spectacle composée des  cavaliers élites bénéficiaires des formations, est placée en relation directe avec le chef de projet (mise en scène) et l’anthropologue (textes récits)  L’organisation administrative  du spectacle ainsi que  la vidéographie et le montage sont l’oeuvre de May Massoud. La logistique, la scénographie , les  tableaux et l’orientation musicale sont au crédit de Radhouan Ezzouari, Hiba Touati, Youssef Lassoued, Chaker Laajel. Les plans lumières et de mise en espace sont signés Saber Gagui. 

   

  • Tableau
Tableau par tranche d’âge

Après la clôture des listes des intervenants, plusieurs déplacements dans les régions concernées et plusieurs réunions dans les différentes localités de ces régions ont été entreprises par le chef de projet avec les personnes ressources, les personnalités locales, les relais et les formateurs pour convaincre les intervenants de l’importance du travail en commun loin des tensions communautaires et tribales. Ce rapprochement a instauré une ambiance de travail productive pour :

  • évaluer le travail de formation continue assuré par les formateurs locaux
  • présenter les contenus et les éléments à inculquer aux cavaliers lors des formations groupées (finales) relatives aux techniques de maîtrise du cheval et de l’équitation traditionnelle selon la (les) tradition(s).

Pour clôturer les formations locales et synthétiser ce travail deux cycles de formations se sont tenus au centre de formation de Sidi Thabet. Un premier cycle a démarré le 24 janvier 2020 dans la spécialité du “Minchef” avec un travail de formation pour accepter les arts traditionnels tels que pratiqués par nos ancêtres, puis les moyens de rattacher ces arts traditionnels à la création d’emplois durables tels que la création des spectacles équestres avec un exercice concret. Un deuxième cycle de formation a démarré le 15 Février 2020 dans le même format avec la spécialité du “M’Daouri” .

La phase suivante du projet fut l’établissement de la matrice numérique, présentée dans l’interface de ce site sous le titre “espace connexion” dont la copie zéro a été présentée au Ministre de l’Agriculture, le 14 Août 2020, assortie d’une feuille de route relative à l’engagement des Ministères de l’Agriculture, des Affaires Culturelles, du Tourisme et de la Jeunesse et des Sports, pour le prochain quinquennat. Cette feuille de route (programme OPERE) est à la fois un business plan (ci-dessous présenté), une synthèse des recommandations sollicitées lors de la consultation nationale, ainsi que celle des remarques et suggestions exprimées durant les enquêtes et interviews. Elle comporte les actions à entreprendre par chaque instance, en vue d’atteindre les deux objectifs suivants : 

  • l’Inscription du PCI national auprès des instances internationales responsables de la préservation de la propriété intellectuelle.
  • la création effective d’une dynamique d’emplois durables susceptible de favoriser l’enracinement des jeunes dans leur région et la réconciliation avec leur culture.

Listing des intervenants

Fourroussiya et Patrimoine Culturel Immatériel

La « Fourroussiya », ou art équestre traditionnel tunisien, est une pratique traditionnelle de l’équitation. Elle est l’expression de la relation des tribus et des communautés nomades, des éleveurs de bétail dans certaines régions tunisiennes avec le cheval. Elle permet, à l’origine, aux éleveurs de ces différentes tribus de mieux assurer leur sécurité et celle de leurs cheptels. Les techniques du “M’Daouri” , du “Minchef” et du “Aaged” , spécialités régionales d’arts équestres, se transmettent aux jeunes générations au sein des familles par les cavaliers. De nos jours, des associations d’équitation traditionnelles contribuent à transmettre cette tradition également considérée comme un sport en entraînant les membres de la communauté et en participant aux festivals pour assurer la survie de ce savoir ancestral. L’exécution de plusieurs épreuves en public permet aux spectateurs d’observer les compétences déployées par les cavaliers pour dresser leurs chevaux à effectuer certaines figures périlleuses telles que le coucher, l’attaque, la cabrade. Vêtus d’un costume traditionnel comportant un couvre chef à larges bords, spécifique pour les hommes de chaque communauté et un tissu enveloppant le corps dit « H’Rem » tissé par les femmes, les cavaliers démontrant leur savoir-faire à pied ou à cheval . Intégrés à la tradition, la selle, l’équipement et les éperons sont conçus par des artisans locaux dont le savoir-faire ancestral est transmis par les membres de la communauté aux jeunes cavaliers. La “Fourroussiya” est un aspect important de l’identité et du patrimoine culturel des communautés de détenteurs de ce savoir.

Ce sont ces impacts hautement identitaires et économiques que nous cherchons à reproduire en nous intéressant à la mise en valeur de notre équitation traditionnelle. Car, que ce soit à cause de l’absence d’intérêt des autorités compétentes ou à cause d’une mauvaise approche des décideurs politiques, la menace de perdre ces traditions, et par conséquent, leurs répercussions sur la dynamique naturelle de développement des régions , est maintenant grande et évidente. Paradoxalement, les régions où se pratique depuis des siècles l’équitation traditionnelle sont les zones les plus fortement supportées par l’inégalité du développement régional et les moins nanties en animation touristique et culturelle. Dans ces régions oubliées, nos enfants sont candidats à l’immigration clandestine, à l’endoctrinement, voire même au terrorisme. 

Fourroussiya et Développement durable  

Le programme de réhabilitation de la filière équine est une coordination d’actions dont la résultante vise la sécurisation des régions sensibles , la préservation de notre patrimoine et la valorisation de notre identité culturelle. Ce programme s’adresse aux jeunes passionnés de chevaux, en situation sociale difficile. Il comporte des actions de formation et d’encadrement dont la synthèse vise une réconciliation culturelle, civique et socio-économique pour une implication communautaire optimiste de ces jeunes dans leur écosystème.  Il fédère également ces énergies afin de permettre l’inscription de ce pan entier de notre culture au patrimoine mondial de l’humanité et transmettre ainsi sa propriété aux générations futures comme un symbole vivant de notre histoire, de notre culture et de notre civilisation. C’est une action stratégique pensée, formulée et proposée par l’USIC et Al Adiyat pour instaurer une dynamique de développement durable et respectueuse des spécificités sociales et culturelles dans ces régions marginales (ou marginalisées).

Le cheval et la saga des Numides.

Texte du Pr Mohamed Tlili.

Lorsque nous avons cherché à définir et à évaluer l’étendue du Regnum numidae, la Numidie archaïque, celle des rois, nous avions eu recours, en plus des sources anciennes, à un certain nombre d’indices archéologiques et épigraphiques qui circoncisaient et caractérisaient l’aire historique de celle-ci. Tout récemment nous avions ouvert ces champs d’investigation traditionnels à l’apport du patrimoine immatériel, tels que les mythes et les légendes. Celui-ci, à l’opposé du patrimoine matériel généralement périssable, est souvent perpétué à traverser un certain nombre d’aspects et d’expressions toujours vivants et mutants.

C’est assez tôt qu’on avait reconnu que la région du Haut-Tell tunisien fut le cœur même de la Numidie archaïque ( Regnum numidae) (Monchicourt, Picard). Il suffit de relever les nombreuses découvertes épigraphiques, mentionnant le mot Numide et Numidie, réparties entre la plaine d’Ebba, Henchir Guergour, Chimtou, Le Kef et Khamissa pour s’assurer de cette évidence. C’est également ici où l’on découvre l’un des foyers les plus anciens et le plus actif de l’élevage du cheval et des traditions équestres. Certains indices, non moins significatifs, tendent à assurer cette similitude et confirment certaines traditions millénaires toujours vivantes. Parmi ces dernières nous relevons un authentique trait caractéristique presque identitaire celui de l’élevage des chevaux. On n’a pas cessé d’apprécier et de vanter le cheval de la région depuis la plus haute antiquité. Une vocation et une passion profondément enracinées d’autant qu’on a souvent associé le Numide au cheval (Numidae infreni ) “On dirait que les chevaux sont nés sous eux, Et qu’eux naquirent sur leur dos.”

Pour être convaincu de cette vocation et de cet héritage, il suffit de relever et d’évaluer, en plus de l’équitation, toute l’importance que révéla la région à la fin du XIX siècle à travers un certain nombre d’ activités et expressions significatives telles que :

  • Au début du Protectorat, alors que dans la Régence la plupart de ces animaux sont peu étoffés par insuffisance de nourriture ou présentent des blessures ou des tares, le Haut-Tell offre seul aux Commissions d’achat des bêtes susceptibles d’être acquises pour la cavalerie
  • Aussi, en 1890, sur les dix stations de monte de Tunisie, six fonctionnent dans notre région : le Kef, Thala, le Sers, le Ksour (transféré à Ebba_Ksour en 1908), Siliàna (1885-86) (2) Mactar (1890 ). Cette dernière est plus tard, admis (1898), mais d’autres sont installés à Sbiba et à Téboursouk (1899) et à Tajéroouine (1905).
  • En 1906 La Tunisie compte 26 stations de monte avec 119 étalons de l’ensemble du pays, la région dispose de  12 stations et 40 géniteurs. Les meilleurs étaient les stations de Siliana avec 7 étalons, le Sers, le Ksour et Thala avec 6 chacun.
  • La création de la Station d’élevage d’Ebba-Ksour
  • En 1931 lors du cinquantenaire de l’ECAT La région compte à elle seule 19.600 équins parmi les  118.000  recensés 
  • La création de l’Hippodrome du Kef , l’organisation des courses et la passion du Cheikh Ahmed Kaddour.   
  • Cette importance est encore mieux révélée à travers la place privilégiée qu’occupait le cheval de la région dans les haras des rois de France au XVIIe et au XVIIIe s.

     

    • D’Arvieux au XVIIe s. rapporte la mission du sieur Saint Martin au Kef et à Lorbeuss pour acheter des chevaux (1674-1675)
    • Plantet, II, p. 433 indiquait qu’en 1750 MM. De Montchenu et Fort étaient chargés d’aller au Kef où ils devaient chercher des chevaux pour la Cour du roi de France.
    On reconnait également que le cheval de la région du Haut-Tell tout comme celui de la Tunisie en général, au-delà des mélanges, fait partie de la race barbe malgré certaines affinités avec le cheval arabe plus élégant. Le barbe reste cependant avec ses lignes arrêtées et vigoureuses une excellente monture célèbre par l’endurance et la sobriété. On connait deux types de barbe celui des plaines et des steppes, plus proche de l’arabe, et celui du pays montagneux, les différences entre les deux mêmes si elles sont sensibles sont déterminées par le milieu et la nature des pâturages en général. L’élevage du cheval est en honneur (13.000 chevaux ou mulets) En tout cas, le Sers, en partie marécageux, est très apprécié pour ses pâturages. L’élevage du cheval et des bovins y fleurit. Parlant de la plaine du Kef, Puckler Muskau (2) écrit qu’ elle est « unie comme un parquet » et qu’elle offre « pour des courses de chevaux, le plus bel emplacement qu’il n’ait jamais vu, sans même en excepter Newmarket ». (Monchicourt, HT, p.90). Il y a là comme un véritable éco-système (bourbettes) qui favorise ce genre d’activité d’autant que les traditions qu’on continue à y entretenir versent dans ce sens. Ce sont les herbages des terres phosphatées en particulier qui déterminent leur forte ossature.  On a décrit les chevaux de la région comme étant les spécimens les plus caractéristiques avec une « Belle poitrine, large croupe, mais tête lourde et jarrets souvent coudés, les chevaux du Haut-Tell sont solidement charpentés. Plutôt tassés autour du Kef, ils ont aux environs de Thala entre 1m 50 et 1m 60 de taille. » (Monchicourt, HT, 358). Quant aux petits chevaux des massifs montagneux courts et ramassés escaladant les rochers avec l’agilité des chèvres ils sont désignés sous le nom du poney des Mogods. C’est tout récemment que grâce à la multiplication des stations de monte et à l’apport des étalons arabes que le cheval barbe historique sans perdre de sa rusticité est de plus en plus harmonieux et distingué. Toujours est-il que malgré cette évolution les nouveaux usages et les changements ont fait que ce dernier a commencé après la fin du XIXe s. à connaître un certain déclin.

    La survivance des traditions de l’équitation traditionnelle (la fantasia) comme à Kalaat Sinen, Tajerouine, Sidi Rabeh, Sidi Abdelbasset est  attachée généralement à des fêtes maraboutiques (zerda , ziara)… c’est aussi l’expression  de la fusion des traditions équestres aussi bien berbères qu’arabes (C’est à l’occasion de son séjour forcé dans la région qu’Ibn Khaldoun n’avait pas manqué de relever la fusion des Houara berbères et des Soleim arabes. Parmi les indices de cette acculturation, il mentionne la maîtrise du cheval et l’équitation). Au Kef, il n’y a pas si longtemps qu’un certain flûtiste vivait de la musique qu’il jouait aux chevaux venus s’abreuver à la grande source de Ras el ‘Aïn ; ceux qui ramenaient les chevaux pour boire savaient comment, pour les aider à boire, on doit émettre des sifflements. Des traditions qui rappellent curieusement celles des Numides et que rapporte Élien (XII, XLIV) sur les jugements sensibles à la flûte, à la musique et au rythme.

    La confirmation de cette importance de la région à la fin du XIX es. ainsi que la survie de ces traditions ne font que s’inscrire dans une longue tradition qui remonte, au-delà des apports arabes, comme ceux des chevaliers Zénètes, Riah et Souleiem, jusqu’à l’époque numide. Au XIVe s. Ibn Khaldoun (11-287) s’est avéré au Tell un important phénomène d’acculturation entre les Arabes Suleiem et les Berbères Houara dont l’une des manifestations est l’équitation. Il y a là une évolution de la pratique équestre basée sur la résultante des deux modes . D’après Ibn El Faqih (el-Hamadhani) (Mukhtasser el Bulden, p.83) au Xe s. les Houara, comme les Zénètes, originaires de la Tripolitaine sont célèbres par leurs arts équestres et leurs chevaux. Ces arts équestres ou équitation traditionnelle sont ainsi proposés aux spectateurs lors des joutes équestres festives ( mariages ), entraînant ainsi une nouvelle culture et de nouvelles traditions . La mémorisation de ces liens historiques est le sens même de notre travail.  

Equitation traditionnelle et Confrérie maraboutique : Zarda et Zaouia

La pratique actuelle de la “Fourroussiya” ou équitation traditionnelle est souvent liée à un événement festif tel qu’un mariage, un festival ou autre célébration. Toutefois, la dimension importante de cette pratique reste incontestablement les fêtes religieuses, les regroupements soufis autour des “Zaouia”, la confrérie maraboutique de Saint(s). Les cavaliers se sentent alors investis d’une véritable mission spirituelle. Aucun motif ne peut justifier leur absence ou leur désistement. La ” Zaouiaest un édifice religieux qui constitue le centre autour duquel une confrérie se structure. Par extension, elle désigne souvent la confrérie elle-même.Ici elle est nommée Sidi Tlil, Sidi Rabah, Sidi Aaich, Sidi Ali El Hattab, Sidi H’sine El Bakkay….. Ce terme désigne un emplacement où les membres de la communauté souhaitent se retirer comme le laisse entendre le verbe arabe ” inzawa” qui veut dire “se retirer”, dans le sens de retraite mystique. Et de fait, on y effectue les pratiques spirituelles et on y enterre les fondateurs de ces confréries souvent élevées au rang de Saint. On mesure ici la charge sémantique ainsi que l’attachement de la communauté envers ce lieu. Les “Zaouia” seront même un canalisateur de la vie sociale dans ces régions à forte imprégnation religieuse, allant même à redéfinir une religion adaptée aux besoins de la communauté.Cette imprégnation va conduire à l’éclosion du culte des saints. L’expression de cet attachement envers ces Saints se déroule autour d’un regroupement festif des adeptes souvent appelé  “Zarda”. Celle ci répond à une codification établie par le ou les fondateurs de celle ci et strictement respectée par les héritiers. Elle est aussi un indicateur des alliances tribales sous couvert de rapprochement maraboutique des confréries dans des accords, pactes. Ces indicateurs sont dans la lecture et la compréhension de certains faits historiques et leur maîtrise permet une analyse critique plus approfondie et plus rapprochée de notre histoire. La hiérarchisation des rapports confrériques, tribaux, rameaux, branches, familles restent une source d’information fondamentale pour comprendre le mode évolutif de la société tunisienne durant les trois derniers siècles, expliquer certains échecs politiques (surtout durant la reconstruction de La Tunisie indépendante) souvent dus à une méconnaissance de ses rapports ancestraux. De nos jours certaines pratiques ancestrales sont en voie de disparition d’ou l’importance du travail de mémorisation de ces aspects fondamentaux de notre civilisation.

Les “Zarda” présentent quelques variantes : elles sont “Zarda” (Sidi Tlil, Sidi Aaich), “Ziara” (Sidi Rabah), “Khardja” (Sidi Ali Al Hattab).  Au cours de ces manifestations la communauté vit des moments de recueillement intense allant jusqu’à la perte de contrôle et l’extase. L’admiration et l’enchantement sont, quant à eux, exprimés par les prouesses des cavaliers traditionnels et leurs pratiques équestres d’ou la relation abyssale entre Equitation Traditionnelle et Confrérie Maraboutique. 

Les techniques équestres traditionnelles en Tunisie

L’équitation traditionnelle, souvent appelée “Fantasia”, est l’expression d’une pratique de guerre développée à l’origine par les cavaliers numides et retrouvée aussi sous la même forme chez les cavaliers arabes. La fantasia, qui regroupe, en réalité, plusieurs types d’équitation, était  au départ une technique de combat chez les cavaliers numides, dite technique par harcèlement. Elle est faite de charges rapides groupées et de replis rapides dispersés. Elle est rendue possible grâce à l’agilité de leur monture. Cette technique a été un facteur déterminant quant à l’issu de plusieurs guerres. Cette même technique se retrouve aussi chez les cavaliers arabes (“Al Karr – Al Farr”), le facteur commun étant le cheval. C’est une expression démonstrative de la profondeur de la relation entre l’homme et le cheval autour d’un système qui trouve ses racines dans les entrailles de l’histoire. 

Les premières illustrations de la fantasia remontent à 1535. Elles ont été réalisées en Tunisie et présentent la conquête de Tunis par Charles Quint à cette époque. Ces œuvres portent la signature du peintre flamant “Jan Cornelisz Vermeyen” et sont notées au musée du Louvre “2006 (inv. 19191)”.

Plus tard , à partir de 1830, Eugène Lacroix sera le maître peintre des Fantasias lors de ses multiples voyages au Royaume Chérifien ( voir  “Les carnets de voyage au Maroc d’Eugène Delacroix en 1832” par Cerise Fedini). La fantasia,  ou équitation traditionnelle tunisienne,  comporte plusieurs types de pratiques équestres. Ces pratiques sont intimement liées à l’écosystème de la tribu ou de la communauté. Elles se sont développées et adaptées aux besoins des populations, souvent appelées à se déplacer par alliance, par sécurité, par obligation, par transhumance.  Selon les régions et les racines, la pratique se nomme aujourd’hui “Minchef” (front algérien), “Fantasia” (Kairouan Zlass), “Aaged” (Sud Tunisien à Mareth) ou encore “M’Daouri” (Nord et Cap Bon). 

Le Minchef : Figure individuelle de cavalerie traditionnelle se déroulant sur un sprint de 200 à 300 mètres où le cavalier fait une démonstration de prouesses équestres et de maîtrise d’une ou de plusieurs armes à feu associées à une épée. Les prouesses équestres ainsi que la manipulation de l’arme sont régis par une codification spécifique à chaque région. Celle-ci est souvent considérée comme une expression patronymique de la communauté.   

Le M’Daouri : Figures de voltiges individuelles ou en duo réalisé à l’intérieur d’un cercle d’environ 20 mètres de diamètre où le cheval exécute des figures de dressage et son cavalier des figures de voltiges. Les figures ne sont pas spécifiques à une région mais plutôt rattachées à des confréries sans pour autant comporter des divergences fondamentales. Le M’Daouri est spécifique à la Tunisie alors que les autres types d’équitation cités sont pratiqués dans tout le Maghreb. 

Le Aaged : Figure en groupe de cavalerie traditionnelle se déroulant sur un sprint de 300 mètres simulant une charge militaire. L’alignement des cavaliers est la prouesse équestre recherchée. La maîtrise d’une ou de deux armes à feu est un facteur associé. Les prouesses équestres ainsi que la manipulation de l’arme sont régis par une codification similaire.

La Fantasia:  Figure individuelle où le cavalier réalise des voltiges sur sa monture lancée à pleine vitesse

Développement du Minchef

Les pratiques équestres telles que rapportées et définies ci-après sont le fruit de la synthèse des travaux d’enquête menés auprès des cavaliers référents. Cette synthèse a été validée par les personnes ressources du programme. Elle constitue donc la matrice de référence dans les définitions et les nomenclatures (lexiques) ainsi que pour le jugement des performances équestres des cavaliers lors des concours, festivals, compétitions et diverses autres occasions.

L’équitation traditionnelle type “Minchef” est intimement liée au couple cavalier-cheval. Le berceau du cheval barbe en Tunisie est compris entre le sud du Tell Septentrional (Kroumirie) et le Haut Tell (Dorsale). La dorsale tunisienne, chaîne calcaire, s’étend des monts de Tébessa (Algérie) vers le Cap Bon et se compose de groupes montagneux calcaires, de plateaux escarpés et de dépressions : Chambi (1544 m), Semmama (1314 m), Serj ( 1357 m), Zaghouan (1295 m) et Sidi Abderahman (637 m). Ce sont ces régions qui portent le sceau de l’histoire du cheval barbe en Tunisie. Elles se nomment aujourd’hui Le Kef, Siliana, Kasserine, Gafsa, Oueslatiya.C’est dans ces régions que se pratique encore l’équitation traditionnelle dite «Minchef» et souvent prononcée «M’chef» ou «Michef» que nous développons dans ce travail de mémorisation. 

Le ” Minchef” : Figure individuelle de cavalerie traditionnelle se déroulant sur un sprint de 200 à 300 mètres où le cavalier fait une démonstration de prouesses équestres et de maîtrise d’une ou de plusieurs armes à feu associées à une épée. Plusieurs éléments forment les fondamentaux de la pratique du “Minchef”. La maîtrise de la monture qui doit tracer une ligne droite sans s’écarter ( la rectitude) , la vitesse de déplacement du cheval , la fixation et la rectitude des armes à l’épaulé et en tir, l’harmonie du couple cavalier-cheval sont les facteurs fondamentaux d’un “Minchef” bien réalisé. Les prouessses équestres ainsi que la manipulation de l’arme sont régies par une codification spécifique à chaque région. 

Le “Minchef” classique, ” Magroun et Sikkyn”: Figure individuelle de cavalerie traditionnelle se déroulant sur un sprint de 200 à 300 mètres où le cavalier fait une démonstration de prouesses équestres et de maîtrise d’une arme à feu associée à une épée . Le fusil est porté par la main, la crosse étant posée soit sur la cuisse du cavalier (région du Kef et du nord de Kasserine au dessus de la ligne des monts Chaambi) soit adossée au troussequin (région de Gafsa et le reste de Kasserine) .Quant à l’épée, elle est accrochée à la selle au niveau de la pomme du fourreau et descend le long de l’épaule du cheval soit au dessus de l’enveloppe de la selle (Bycht), pour la région Kef et nord Kasserine , soit en dessous de celle-ci, pour la région Gafsa Nord et le reste de Kasserine. L’exécution du “Minchef” se pratique de la manière suivante : Le cavalier se rend au bout de la ligne droite, entame un demi tour et lance au grand galop son cheval. Puis il tire son fusil, l’épaule et tire deux coups de feu. Ensuite, il tire son épée et la croise avec son fusil. Enfin, il reprend ses rennes, arrête son cheval et revient vers la foule pour la saluer. C’est le “Minchef” classique selon la tradition. 

Le “Minchef” se compose de trois parties majeures :  

  • Le départ: (Ras El Minchef) : Le cavalier se rend calmement au point de départ, son cheval est relâché et aux ordres. Parvenu au point de départ,  il exécute une demi-volte parfaite et se met en équilibre pour la préparation de l’exécution de la seconde partie.
  • Le milieu: (Ouaste El Minchef) : Le cavalier réalise les gestes relatifs aux manipulations des armes à feu. Puis, ayant épuisé ses munitions, il tire son épée de son fourreau.
  • La fin: (Akhir El Minchef) : Le cavalier reprend ses rennes, stoppe son cheval et revient vers la foule pour la saluer.

Le “Minchef”, en plus de son format classique, présente plusieurs options, chacune d’elles appartenant à l’origine à une communauté ou un groupe. Les options les plus connues sont: 

  • Le “Minchef M’Garine”: C’est une pratique de l’équitation essentiellement guerrière avec l’usage de plusieurs fusils (allant au maximum à 7 fusils) que le cavalier accroche à son dos. Lancé en plein galop, le cavalier a une maîtrise totale de sa monture par l’unique action de ses jambes alors que ses mains vont décrocher un à un les fusils, les épauler, tirer puis les accrocher sur l’autre épaule. La note majeure est attribuée dans l’exécution de cette figure à la fluidité de la manipulation des fusils en plus des fondamentaux classiques. 
  • Le “Minchef  Jannah” : Figure réalisée avec deux fusils où le cavalier déploie ses armes en forme d’aile, plutôt vers le bas à hauteur des genoux, puis les ramène à hauteur du corps, épaule ses fusils, les ajuste à la même hauteur, les fixe puis tire des salves successives. La difficulté de cette figure se situe au niveau de la fixation des armes dès l’épaulé jusqu’à la fin des salves. 
  • Le “Minchef Marfegh” : Figure réalisée avec un ou deux fusils (un dans chaque main), parallèles et parfaitement alignés à hauteur de la tête du cavalier. Les coudes sont fixes et forment une ligne perpendiculaire à celle des fusils. Le cavalier tire une fois avec le fusil droit puis avec le gauche puis le droit puis le gauche. A chaque tir il bascule ses coudes pour l’ajustement et la précision du tir. La note majeure de cette figure est attribuée à l’alignement des coudes, de la tête et des fusils.   
  • Le “Minchef Daouar” : Figure réalisée avec deux fusils ou le cavalier déploie ses armes à hauteur du corps, épaule ses fusils, les ajuste à la même hauteur, les fixe, puis tire deux salves successives de face, réalise ensuite un mouvement de rotation synchronisé pour tirer deux coups en même temps vers le bas. La difficulté de cette figure se situe au niveau de la fixation des armes au moment du premier tir puis de la synchronisation de la rotation et des tirs vers le bas. 
  • Le “Minchef Aadou” : Figure réalisée avec un seul fusil où le cavalier ramène son fusil vers son épaule par un mouvement de rotation du bras et du fusil, épaule son arme par une main, l’autre venant se poser sur le haut du fusil , tire une fois en avant puis se retourne en fixant le bassin et tire une autre fois vers l’arrière. La note majeure de cette figure est accordée pour la fixation du fusil et la position fixe du bassin au moment de la rotation vers l’arrière
  • Le “Minchef Michlyia” : Figure composée réalisée avec deux cavaliers simulant un fuyard et un poursuivant. Le fuyard exécute un “Minchef Aadou” et le poursuivant un “Minchef M’Garine”.  
  • Le “Minchef” peut s’accompagner d’un mouvement de rotation du fusil autour de la main du cavalier plusieurs fois avant l’épaulé et le tir. Dans la région de Gafsa, cette option se trouve dans l’exécution du “Minchef” propre à la confrérie des Ouled Maammar. Elle fut introduite par El Fahem Ezzouari dans les années 70. Elle se nomme  “Tloulich el Magroun”. 
  • Le “Minchef” peut également comporter une option à deux épées et un ou plusieurs fusils. Elle se nomme ” Minchef Skakyn “.
  • Hormis ces options qui se pratiquent en chevauchant une seule monture, il y a aussi des options plus complexes, recherchées autant  qu’extrêmes,  et pratiquées par les maîtres cavaliers (par exemple El Fahem Ezzouari) . Elles consistent à se dresser debout sur la croupe de deux chevaux (une jambe sur chaque croupe) munis de deux fusils. 

Exemple d’exercices s’inscrivant dans la formation des candidats juges en équitation traditionnelle  aux techniques de notation et de classement des éléments du patrimoine.

Fiche individuelle par candidat juge:  Elle est établie par les personnes références, les juges et la chambre syndicale des cavaliers traditionnels. Cette fiche est modulable selon les communautés. 

  • Date : 28 Mars 2019
  • Territoire : Sud- Ouest Tunisie
  • Lieu : Sidi Aich / Gafsa
  • Communauté : tribu des H’Mamma
  • Personnes ressources : – El Fahem Ezouari
  • Candidat juge en formation : Med Imeme Kordi / Othman Saii / Radhouan Ezouari
  • Elément : Minchef selon le mode des H’Mamma
  • Objet :- détermination de la nomenclature des éléments composant le Minchef
  • Détermination des spécificités régionales de ces  éléments

 Tableau des nomenclatures : notation sur 15 points

Les personnes ressources

Les personnes ressources sont les personnes reconnues par leur communauté  comme étant les détenteurs du savoir ancestral. 

Les personnes ressources impliquées dans ce programme ont été identifiées lors des différentes phases de construction de ce projet, de 2013 a 2018. Lors du rassemblement national de l’équitation traditionnelle (spécialité “Minchef”) qui s’est déroulé à l’hippodrome de Kassar Said en Mai 2013, ces personnes  ont été désignées par leurs communautés respectives comme membre du jury national pour organiser cet événement. Il s’agit de: 

  • Mohamed Aouadi : natif de Tajerouine (1947) , professeur de sciences naturelles au Lycée de Tajerouine.  Il est le fils d’une figure légendaire de l’équitation traditionnelle (spécialité “Minchef”), Hadj Tijani Aouadi. Président du jury national en 2013.
  • El Fahem Ezzouari : natif de Bir Ezzouari ( Gafsa Nord)  (1940) considéré comme un des meilleurs cavaliers en Tunisie (spécialité “Minchef” ), concepteur de la figure “Michlya” avec plusieurs fusils. Il a organisé plusieurs rassemblements  de cavaliers  traditionnels pour de grands événements nationaux ainsi que pour des castings de cinéma.  Membre du jury national en 2013.    
  • Aaidi Ezzaidi: natif de Majel Bel Abbés  (1957), cavalier de référence pour sa région et formateur reconnu en spécialité “Minchef”. Il a fait partie du rassemblement équestre organisé à Chantilly (France) en 2006.
  • Moncef Ben M’Lah: natif de Béja (1959) maître sellier en sellerie traditionnelle. Il est actuellement considéré comme référence pour la majorité des cavaliers. Il a introduit des améliorations dans la conception des arçons de selle  pour le confort du cheval et du cavalier. Il est en relation professionnelle avec les cavaliers des deux spécialités : “Minchef” et “M’Daouri” . Membre du jury national en 2013.  

Les communautés impliquées

Les communautés impliquées dans notre programme sont :

  • Communauté des Ouled Boughanem : elle englobe les régions de Kallat Esnane, fief de la confrérie ainsi que Kalaa Khasba, Garn El Halfaya, Oued Essouani – Gouvernorat du Kef 
  • Communauté des Ouled Radhouan, Ouled Maammar et Ouled Slama : elle englobe respectivement la région de Sidi Aaich, Gafsa Nord et Gafsa Sud – Gouvernorat de Gafsa
  • Communauté des Ouled Tlil : elle englobe les régions de Majel Bel Abbés, Feriana, Foussana- Gouvernorat de Kasserine
  • Communauté des Ouled Mejer  :  Khmouda, Thala – Gouvernorat de Kasserine 

Nous rapportons les informations sur les origines des communautés impliquées dans notre travail à partir de sources écrites (malheureusement limitées et imprécises sur le sujet) et des personnes retenues détentrices de la mémoire collective. Il faut donc relativiser l’exactitude des informations qui se rapportent à cette période. Notre connaissance concernant le lignage exact des confréries et leurs trajectoires est incertaine car échappant parfois à la mémoire de nos informateurs. Cependant, nous avons le plus souvent entrecoupés ces informations pour mieux comprendre le rapport des origines communautaires avec les origines des modes de pratique de l’équitation.

Confrérie maraboutique des Ouled Boughanem :

Communauté descendante de Sidi Ali Boughanem , d’ascendance chérifienne (prophète) et arrivée en Tunisie aux alentours de l’an 1650 en provenance de la ville de Sakia el Hamra,  haut lieu symbolique des Almoravides (Al Mourabitoune). Grâce à une protection des Ouled Yaagoub, Sid Ali Boughanem s’installa au début à Foussana et cohabita avec les tribus Mejer et Fréchich à qui il enseigna un islam rigoureux d’obédience Malékite.  Le déclin du pouvoir Hafsite et les solutions du mouvement de Sidi Aarafa Echabbi (ou la révolution chabbiste) ont formé un nouvel ordre tribal dans la région et privé les compagnons de Sidi Ali Boughanem de la protection des Ouled Yaagoub. Les alliés du pouvoir les H’Mamma et les Tlil chassèrent alors les Ouled Boughanem vers les hauteurs de Thala et de Hidra. La dissolution de la coalition des H’nancha en 1813 va permettre à la confrérie de s’approprier Kalaat Esnane et d’en faire le haut lieu des Ouled Boughanem avec des familles influentes tel les Ouled Zidi, Ouled Aouadi, Ouled Maatallah, M’Raihy, Aouzji, Boughanmi.  À la faveur d’un deal avec le Bey de Tunis, ces familles deviennent alors les autochtones et leur mode de vie ( et de pratique équestre)  en sera influencé.  Quant à l’autre branche patronymique des Ouled Boughanem: les “Al Mouelly” ( devenu ensuite les Mouelhi), elle est, selon l’historien M.Ali Habbachi, étrangère à cette tribu. Toujours selon l’historien la branche des Mouelhi aurait pour ancêtre un saint arrivé du royaume chérifien en direction de la Mecque accompagné de son épouse. Celle ci , enceinte , tomba gravement malade et fut contrainte d’élire domicile auprès des Ouled Boughanem jusqu’au retour de son époux . Malheureusement celui ci trouva la mort alors que son épouse enfanta un garçon baptisé “Al Mouelli” ( l’allié au vue des alliances maraboutiques liant les deux communautés). Celui ci sera le fondateur de la branche des Mouelhi.      

L’équitation pratiquée par cette communauté est basée sur un “Minchef” avec deux fusils en alignée (un dans chaque main) avec des tirs successifs des deux fusils et un basculement des coudes pour l’ajustement et la précision du tir (pratique propre aux Ouled Boughanem). Les références attribuent ce mode de pratique de l’équitation à l’histoire de cette communauté réputée guerrière. Selon l’historien Hatem Dhaoui, cette réputation viendrait du fait que les Boughanem étaient les alliés de Hussein Ben Ali, fondateur de la dynastie husseinite et participaient à hauteur de 8000 hommes dans l’armée du souverain . Or, la mémoire collective donne une autre version, celle rapportée par Sidi Abdeljaoued, compagnon de Sidi Ali Boughanem : La région de Kalaat Esnane étant une région montagneuse,  les fauves (lions de l’Atlas) y proliféraient. Le Bey de Tunis de l’époque, Sidi Hammouda Bacha Al Husseini, ayant  vu d’un mauvais oeil le rapprochement des habitants de Kalaat Esnane du Beylicat d’Alger, aurait autorisé  l’occupation de Kalaat Esnane par les Boughanem  à condition que  la communauté accepta de se nourrir de viande de fauves durant une année. Ce fut chose faite, les fauves ont été exterminés et Kalaat Esnane resta entre les mains des Ouled Boughanem devenus ” les cavaliers mangeurs de Lions”. Cette vie de chasse permanente aurait eu une influence directe sur le mode de pratique équestre de cette communauté.      

Confrérie maraboutique de Sidi Aaich :

Sidi Aaich, appellation actuelle, est une commune du gouvernorat de Gafsa anciennement connue sous le nom romain de Viccus Gemelae. Elle porte aujourdh’ui le nom de sidi Aaich fondateur de la confrérie maraboutique ou Zaouia qui porte son nom. Sidi Aaich est descendant du roi Idriss premier (chérifien du lignage d’El Hussein). Il fut un des disciples de Marouane Ibn Ali en Algérie, au même titre que ses deux condisciples Radhouan et Slama (deux frères consanguins). Émigrés ensemble en Tunisie vers l’an 1400, ils se sont installés dans la région Nord de Gafsa.  Aaich était un homme de savoir, doté de pouvoirs de guérison et de voyance. Sa réputation était parvenue jusqu’au sultan Hafsite qui pour s’attirer son allégeance, lui fera don d’un domaine de 60 000 Ha de parcours pour lui et ses descendants. Malheureusement, il n’eut qu’un seul enfant (Mlaouah). Ses compagnons Radhouan et Slama dont les origines sont “H’mamma Idriss” et dont l’oncle maternel n’est autre que le fameux cheikh très influent, Mohamed Hammami, prennent possession des lieux. Les Ouled Radhouan s’installent à Sidi Aaich et deviennent la famille influente. De même les Ouled Slama s’installent au Sud Ouest de Sidi Aaich et prennent le pouvoir sur cette zone,  aujourd’hui  nommée Gafsa sud. Quant au nord de Gafsa,  il sera occupé par les Ouled Maammar d’origine “H’Mamma R’biaa”. Cette branche est considérée comme la plus puissante et la plus guerrière avec ses deux rameaux Ouled Maammar et Ouled M’Barek. Elle permet aux “H’Mamma R’Biaa” de jouer un rôle leader pour l’ensemble de cette confrérie regroupée  sous le célèbre pacte connu de  “Pacte des H’Mamma”.

Ainsi la communauté autour de Sidi Aaich est “H’mamma”, tribu arabe d’origine du Nejd, réputée être la plus guerrière. Sa pratique de l’équitation est donc essentiellement guerrière avec l’usage de plusieurs fusils (allant fréquemment jusqu’à 5 fusils) que le cavalier accroche à son dos. Lancé en plein galop, le cavalier a une maîtrise totale de sa monture par l’unique action de ses jambes alors que ses mains vont décrocher un à un les fusils, les épauler, tirer puis les accrocher sur l’autre épaule.  

La “Zerda” de Sidi Aaich se tient annuellement au mois de septembre et accueille plusieurs communautés. Avec la “Zerda” de Sidi Tlil et celle de Sidi Ali Ben Aaoun (Sidi Bou Zid), elle constitue un événement majeur dans la région. Les pratiques équestres y sont multiples et différentes, et les “pèlerins” affluent de toute la république. C’est à ce titre qu’un festival fut crée en 1985 sous l’impulsion de Mr Belgacem Kordi qui assurera sa présidence pendant ses premières années d’installation et qui,  par ailleurs,  fera son succès. 

Confrérie Maraboutique des Ouled Tlil

Communauté descendante de Sidi Ahmed Tlili , saint vénéré de la région du Centre-Ouest de la Tunisie décédé en 1767 à Fériana. Il a fondé l’actuelle zaouïa qui jouit, depuis sa fondation, d’un rayonnement considérable. Sidi Ahmed Tlili était lui-même descendant de Sidi Tlil, ancêtre fondateur de la tribu des Ouled Tlil qui vécut aux alentours de Fériana. La famille maraboutique Tlil s’est établie dans cette localité depuis la fin du XVII siècle, à proximité des Fériani, les anciens habitants du village d’où ils tirent leur nom. Les Tlili ont monopolisé le commandement de toute la tribu, y compris les Fériani, à partir d’un rôle médiateur marquant de l’histoire du groupe. Sidi Ahmed Tlili a, en effet, été sollicité par les fils de Hussein Ben Ali lors de la discorde entre Béchia et Husseinia accordant à celui-ci un statut de leader régional. La “Zerda” de Sidi Ahmed Tlili est un événement annuel qui se tient en Septembre et draine un rassemblement de plusieurs milliers de visiteurs. Les cavaliers jouent un rôle fondamental dans l’animation de cette manifestation dont le caractère soufi spirituel atteint son paroxysme lors de la tournée des cavaliers autour de la Zaouia en tirant des coups de feu. C’est un véritable moment d’exaltation allant jusqu’à l’extase. 

Nombre de Tlili ont réalisé plusieurs alliances, concrétisant, par cette polygamie, l’importance de leur statut au sein du groupe. C’est le cas de Sidi Rabah (voir ci dessous), ou encore Abdallah ancêtre des Ouled M’Barak de Fériana (à ne pas confondre avec les Ouled M’Barak de Gafsa). Ces alliances complétaient celles intra familiales comme celle des Ouled Sidi Abbés (Famille Abbassi de Majel Bel Abbés, Kasserine).

Ouled Sidi Abbés sont la famille maternelle de laquelle est issue la branche de Sidi Ahmed Tlili. Leur position au sein de la confrérie est celle de notable mais sans réel pouvoir. 

Sidi Rabah était un riche Tlili qui s’est installé dans son domaine à Garn El Halfaya prés de la frontière algérienne. Il a épousé une femme de la confrérie des Mejri et lui avait cédé ses biens. Il était retiré de sa communauté originaire à cause de cette alliance et pratiquait un soufisme lumineux qu’il partageait avec l’autre saint de la région Sidi H’Med dont le lieu se trouve à quelques kilomètres sur la frontière algérienne. Il était connu pour être un homme de sagesse et de savoir. Annuellement, la Zaouia de Sidi Rabah fait l’objet d’un véritable pèlerinage codifié qui dure trois jours. Plusieurs familles et communautés se rendent à cette “Ziara” courant le mois de septembre. Les cavaliers qui se retrouvent proviennent essentiellement de Majel Bel Abbés (des Abbassi). Ceux ci le considèrent comme leur saint protecteur. L’ouverture de la “Ziara” répond à un rituel précis et immuable. Tous les cavaliers se regroupent et ouvrent la marche de l’ascension des pèlerins vers le mausolée bâti en hauteur et difficilement accessible. 

La confrérie de Sidi Tlil pratique un mode de vie imprégné des anciennes tribus autochtones berbères de la région tels les Fréchichs, les Zénétes. Cette proximité se retrouve dans le mode de pratique du “Minchef” propre à cette région. Le type “Minchef” déployé vers le bas (Jannah) avec deux armes à feu et une épée trouve ses origines dans la pratique de la cavalerie berbère et numide. Les numides étaient excellents guerriers et dresseurs de chevaux. Leurs montures (chevaux barbes légers et agiles) possédaient un  sens inné de la complicité avec leur cavalier  qui permit à Hannibal de vaincre Rome. Leurs descendants berbères firent de même sous le commandement de la Kahéna en tenant tête aux troupes arabes beaucoup plus nombreuses. Plus tard,  ils ont été les artisans de la victoire de Tarik Ibn Zyad (Zénéte d’origine) dans la bataille de Guadalete qui permit de vaincre l’armée wisigothe. Considérés comme les meilleurs dresseurs de chevaux (dignes héritiers des cavaliers numides) les Zénètes sont les premiers cavaliers berbères à monter un cheval avec une selle et des étriers (les numides montaient à cru et avec un collier en guise de mors). Ils fournissaient les meilleurs cavaliers guerriers et leur selle était toujours recouverte de soie brodée. Les Zénètes montaient leurs chevaux avec des étriers courts et plats et chevauchaient les jambes repliées ce qui donnait plus de liberté à leurs mouvements et plus de légèreté à leurs chevaux. C’est cette agilité qui sera l’atout principal de la victoire de Tarik Ibn Zyad face aux Wisigothes du roi Roderic (an 711). L’armée wisigothe se composait essentiellement de cavaliers chevauchant des montures lourdes et imposantes capables de supporter les poids du cavalier, de son armure et de ses  protections. Les mouvements de cette armée étaient lents et ses chevaux lourds. Sur ordre de leur chef, les cavaliers Zénètes se sont déployés en aile de pigeon (voir “Minchef Jannah”). Munis de glaive dans les deux mains ou de lances courtes et de boucliers légers, la cavalerie de Tarik chevauchait à toute allure, attaquait en ordre rangé puis se repliait en ordre dispersé, (on retrouve dans ce déploiement le même mouvement de harcèlement pratiqué par la cavalerie numide de Hannibal contre les légions romaines dans la bataille de La Trébia). Puis ils voltaient brusquement et attaquaient à nouveau le corps de la cavalerie wisigothe lancée à leur poursuite en réalisant des mouvements de bras vers le bas (Jannah), blessant leurs adversaires au niveau des jambes ce qui provoquait la chute des cavaliers wisigoths et l’effondrement de la cavalerie. La victoire fut ensuite une simple formalité.

Décoration et disposition spécifique indiquant l’appartenance tribale du cavalier     par son porte chef. Singularité des couvres chefs dit « Aarrouj »  selon l’appartenance tribale : de Gauche  à Droite : 

  • Région du Kef : Ouled Boughanem(Farouk Laabidi et Ismail Jaouadi)
  • Kasserine : Ouled Sidi Tlil (Walid Hajji)
  • Gafsa : Ouled Maammar (Hatem Saii)
  • En arrière-plan El Hamma : Beni Zid(Youssef Lassoued)

Développement du M’Daouri

Massinissa régnait sur le royaume des Aurès qui s’étalait à l’Est sur les villes actuelles de Kasserine, Sbeitla, Thala, Télépe, Makthar et constituait le Fief du Regnum numidae, la Numidie archaïque. Plusieurs rois lui succédèrent, dont Jughurta, son petit-fils, qui se réfugia sur le haut plateau qui porte aujourd’hui son nom, dans l’actuelle ville de Kalaat Essnane. Il n’est guère possible de parler de cette tribu sans vanter les qualités guerrières et la valeur de sa cavalerie. Cette culture équestre est perpétuée de nos jours par leurs héritiers : tribu des Frachiches (Kasserine et Sbéitla), tribu des Ouled Mejer (Thala), tribu des Ouled Ayar (Makthar)

Ces tribus sont une confédération tribale qualifiée d’arabo-berbère, qui pratique un nomadisme pastoral. En conflit permanent avec leurs voisins du sud, les puissants Hamama, et de l’ouest les Némencha, elles ont du développer des arts équestres de combat différents pour palier à leurs effectifs réduits de combattants en se basant sur les techniques ancestrales de dressage de chevaux à l’art de la guerre composée d’attaques surprises et d’embuscades. Leur équitation était basée sur une complicité avec leurs montures à qui ils apprenaient le coucher, l’attaque, la volte. C’est l’art équestre du “M’Daouri”, équitation spécifique à la Tunisie, contrairement au “Minchef” qui, lui, est pratiqué dans tout le Maghreb.

Toutefois, la technique du “M’Daouri” sous sa forme actuelle s’est développée dans la caserne de l’Ecole polytechnique du Bardo à la fin du  règne de Ali Bey III.  Mohamed Ben Kilani , cavalier natif de la région des Souassi ( grand oncle de Hassen Ben Kilani engagé dans ce projet comme personne ressource) était un cavalier dresseur de chevaux  dont la réputation avait dépassée la limite régionale. Très jeune déjà, il se déplaçait souvent dans les régions frontalières tuniso-libyennes ( les Souassi sont d’origine libyenne) et surtout tuniso-algériennes pour perfectionner son équitation. C’est ainsi qu’il avait rencontré par hasard le Bey Ali III lors d’une tournée de la M’Halla où il avait réalisé quelques figures acrobatiques ancêtres du “M’Daouri” .  Quelques années plus trad,  sous le règne de Mohamed El Hedi Bey,  il fut invité au Bardo pour une parade de la cavalerie beylicale  et un concours de recrutement d’écuyers. Il rejoint ainsi les  écuries de l’école du Bardo  et développât  cette nouvelle équitation.  À l’origine, les chevaux dressés pour le “M’Daouri” assuraient l’ouverture de la marche du régiment ou du contingent de cavalerie. En marche devant l’infanterie  la mission du groupe de cavaliers “M’Daouri”  était d’impressionner l’adversaire en face puis d’ouvrir des brèches dans ses rangs permettant une percée. Les différentes figures que nous développerons plus loin, telles que “Z’Garra”, “M’Ichliya”, rappellent aussi les techniques d’affrontement en ville , en ruelles. Mohamed Ben Kilani vulgarisera cette discipline tunisienne autour du lieu de son travail . Ces deux disciples étaient Hattab El Ghribi (région d’El Mahfoura) et Amor Ben Sassi (Aagbet Essouassi). Ces deux cavaliers ont formé à leur tour Sadok Yferni (Béjaoua), M. Ben Atayallah (Ksar Hadid (Sidi Ali El Hattab)), Haddad Akkari (Pont de Bizerte), Amor Ben Milad (Dakhlet El Maaouine), Hedi Ben Youssef (Mornag), Salem Ajrouda(Oued Ellil) Hamadi Hajri(Sidi Jedidi) et Mahmoud Bougoussa. Ce dernier est entré dans la légende de la discipline grâce à une figure dite “du lancé de l’épée au galop”. Il était capable de lancer son épée en hauteur sur un cheval en mouvement puis récupérer celle-ci à la verticale bien plus loin sur le cercle.  Dans les années 65-70, le porte drapeau de cette discipline fut incontestablement Hassen Sassi Ben Kilani (personne ressource). Cette période ( qualifiée de période de règne de Hassen B Kilani) développera et assoira  le mode festif de la discipline. Elle assurera le spectacle durant les pèlerinages  maraboutiques des confréries : Sidi Ali El Hattab, Sidi Hassen El Bakkey, Sidi Othman, Sidi Cherif, Sayda El Mannoubia, ainsi que à l’occasion de plusieurs manifestations culturelles en Tunisie et à l’étranger. En 1967, Mme Habiba Zaouch créa le premier centre d’animation touristique avec l’équitation traditionnelle à Sidi Bou Ali nommé “Borj El Forsen” avec des cavaliers “Minchef” et “M’Daouri”, sous la direction de Ali Chelbi (fils de Cheikh Chelbi du Fahs) puis plus tard Mehrez Ben Milad.  La direction des aspects culturels tel l’habit traditionnel, l’harnachement et les figures étaient sous le contrôle de Sidi Ahmed Djallouli (fils de Sidi Mohamed Habib Djallouli ancien  ministre chef du gouvernement et grand cavalier). Même après  après sa mort  Sidi Ahmed Djallouli est toujours considéré  comme la référence en matière d’équitation traditionnelle ainsi que le détenteur de la plus riche collection de selles et d’harnachements traditionnels en Tunisie. Plusieurs cavaliers ont participé aux soirées spectacles au “Borj El Foursen”. Salem Gharsallah, jeune cavalier de Douz âgé de seize ans qui pratiquait le “Minchef” à dos de chameau rejoint le centre où il reçut une formation en technique de “M’Daouri”. Après quelques années de perfectionnement, il décida de retourner dans sa ville natale où il introduit, en 1974,  cette discipline devenu son métier.  Salem Gharsallah aura le grand mérite de lancer sa fille Olfa comme première cavalière “M’Daouri” en Tunisie. Sa réputation et son succès ont ouvert la voie à d’autres jeunes filles. Elle fut suivie quelques temps plus tard par Hiba Touati (Makthar)  puis sa sœur Najeh ( véritable vedette actuellement) , Aroua Nagguez (Tataouine), Hiba Abdellaoui (Le Kef), Samar Abdellaoui (Ariana).  La majorité de ces jeunes filles sont impliquées dans ce programme  (voir listing) en tant que cavalière alors que Hiba Touati  est engagée au titre de chef enquêtrice et assume un rôle majeur dans le projet.    

La mémoire collective de cette confrérie nous indique que le mot arabe “Sayess el Khayl” soit “le lad ou l’écuyer” provient de “Essassi” qui est le  nom patronymique de Mohamed Ben Kilani (“Essassi”  signifie originaire de la région d’Essouassi).

 

Description du M’Daouri

Les pratiques équestres telles que définies ci-après sont le fruit de synthèse des travaux d’enquêtes menés auprès des cavaliers. Cette synthèse a été validée par les personnes ressources du programme. Elle constitue la matrice référence dans le jugement des performances équestres des cavaliers lors des concours , festivals, compétitions et diverses autres occasions.

Le M’Daouri : Prouesses équestres individuelles ou en duo exécutées à l’intérieur d’un cercle d’environ 20 mètres de diamètre où le cheval réalise des figures de dressage et son cavalier des figures de voltiges. Les figures ne sont pas spécifiques à une région mais plutôt rattachées à des confréries sans pour autant comporter des divergences fondamentales . Le “M’Daouri”  est spécifique à la Tunisie alors que les autres types d’équitation cités sont  pratiqués dans tout le Maghreb. 

Les personnes ressources

Les personnes ressources sont les personnes reconnus par leur communauté  comme étant les détenteurs du savoir ancestral. 

Les personnes ressources impliqués dans ce programme ont été identifiés lors des différentes  phases des construction de ce projet de 2014 a 2016. Lors du rassemblement national de l’équitation traditionnelle (spécialité “M’Daouri”), qui s’est déroulé sur le parvis de Tunis City, gouvernorat de l’Ariana,  en Mai 2015. Ces personnes ont été désignées par leurs communautés respectives comme référence . Il s’agit de : 

  • Hassen Sassi Ben Kilani  cavalier issu de la famille fondatrice de la discipline de l’équitation “M’Daouri”. Considéré comme un des meilleurs cavaliers de cette discipline, il a fait partie des cavaliers présents lors des grandes journées  de gala organisées par le Ministère de la Culture :  Marseille 1985, Venise 1995 et par l’ONTT  à Chantilly (France) en 2006.
  • Fathi Yferny:  cavalier issu également d’une famille de référence dans l’équitation “M’Daouri”. Considéré comme un des meilleurs dresseurs  de chevaux de la discipline ( voire le meilleur),  il a fait partie des cavaliers présents lors de la journée de gala organisée par l’USIC à Kassar Said en 2013.
  • Moncef Ben M’Lah: natif de Béja (1959) maître-sellier, specialisé en sellerie traditionnelle,  il est actuellement considéré comme référence pour la majorité des cavaliers. Il a introduit des améliorations dans la conception des arçons de selle  pour le confort du cheval et du cavalier. Il est en relation professionnelle avec les cavaliers des deux spécialités : “Minchef” et “M’Daouri” . Membre du jury national 2013

Les figures du M’Daouri

Le “M’Daouri” est un tableau équestre régi par une succession précise de plusieurs actes, chacun portant une signification . Le “M’Daouri” classique se compose,  dans un ordre narratif précis, des figures suivantes : 

Entrée des musiciens cote à cote en se dirigeant vers le centre du cercle défini et décrit par la foule debout pour regarder le cavalier et sa monture s’exécuter. 

Entrée ( Dakhla) du couple cheval- cavalier : Le cheval réalise des cabrades en se propulsant vers l’avant à chacune d’elles jusqu’à parvenir à hauteur des musiciens. Cette figure porte le nom de “Dakhla bel Aali” . On l’appelle aussi “El Banya” (le cheval “ybni”) quand celui-ci se cabre et reste sur place. C’est alors que le cavalier pose sa main (ou son épée) sur  la tête de son cheval . Ce dernier hausse alors la tête de haut en bas, plusieurs fois et piaffe du pied extérieur par rapport au cercle, toujours en étant au plus prés des musiciens. Cette figure représente le salut (ou révérence) à la foule. 

Le Départ ( Intilak) :    Le cheval se cabre ( “Ybni”) dans un mouvement de salut aux musiciens puis se lance vers l’extérieur du cercle en réalisant des figures de cabrade “Bel Aali” . Les musiciens entament alors le rythme dit “Beldi”, initialement, nommé ensuite communément “Saadaoui”.  C’est alors que le cheval emboîte le pas à la musique par un déplacement au pas galopant sur la jambe extérieure ( c.a.d à faut),   en feignant  une boiterie sur la jambe intérieure. À ce moment là, le cavalier tourne son épée autour de sa main (à la manière d’une majorette) la pose sur la tête du cheval, puis de part et d’autre de l’encolure, donnant une orientation  au cheval qui revient vers le centre du cercle à hauteur des musiciens. Il zigzague entre eux  tout en maintenant le pas au rythme du Saadaoui, effectue plusieurs rotations, frôle les musiciens par ses flans alors que son cavalier pose son épée sur la tête d’un des musiciens puis effectue un cercle fermé à la manière des cavaliers camarguais. Cette figure matérialise l’obéissance du cheval, son niveau de dressage ainsi que le reflet de sa puissance. Pour finir, le cheval repart sur le cercle en réalisant des cabrades successives. Cette figure ouvre la voie à la figure suivante.

La danse  (Chatha) : Départ du cheval au galop à juste , le cavalier oriente le déplacement de sa monture par plusieurs actions de jambe et rythme le balancier de la tête du cheval par des actions légères de main. Il lance de temps en temps son cheval dans une cabrade répétitive, généralement proche d’un lieu choisi par le cavalier. On dit que le cheval salue l’assistance. 

Le coucher (El Ragda) : Figure d’origine guerrière numide qui matérialise l’approche secrète pour espionner les positions ennemies. Le cheval arrête sa course circulaire brutalement , effectue une demi volte éclair et se dirige vers le centre du cercle , il s’arrête près des musiciens, plie sa jambe et se couche au sol. 

L’affrontement au sol (Ezgarra) : Deux cavaliers s’affrontent épée à la main autour des musiciens puis l’un deux monte son cheval, l’autre restant au sol. Le cheval , sur ordre de son cavalier attaque le cavalier à pied qui essaye de toucher le cheval au niveau des canons, ce dernier attaque , se défend, puis pourchasse le cavalier dans un mouvement de cabrade, de plongeon, de volte sur place matérialisant la souplesse et la légèreté du cheval dans l’affrontement au sol. 

L’affrontement à cheval (Michliya) : L’autre cavalier monte sur son cheval  puis s’ensuit un affrontement à cheval ou les deux cavaliers essaient chacun de toucher son adversaire, mettant en avant  la souplesse et la maîtrise des mouvements du cheval: cabrade, pirouette, volte et demi volte, reculé. C’est la figure qui doit exprimer la fin de l’affrontement et la clôture des hostilités. 

La clôture ( Derrazi,  anciennement appelée M’Khammess): Le cavalier vainqueur se dresse debout sur la croupe de son cheval , utilisant sa main comme une visière et regardant au loin comme pour observer la fin des hostilités et annoncer la victoire. Puis, il réalise les figures de voltiges joyeuses annonciatrices de la victoire. Cette appellation est  aussi connue  pour être un rythme de percussion appelé “M’Khammes El Khil” . C’est ce rythme qui accompagne cette figure finale. 

les communautés impliquées

La confrérie des Ouled Ayar : Selon le grand historien Ibn Khaldoun (1332-1406),  les Ouled Ayar sont une confrérie d’origine amazigh de la tribu des Koutama dont la zone d’influence s’étale des hauts tells jusqu’aux plaines de Oued Rouhia et de H’mada. Durant les invasions arabes des Beni Souleym, certaines alliances ont été conclues pour faire de cette “confédération” une tribu qualifiée d’arabo-berbère.   Parmi les composants patronymiques de cette tribu, on peut citer les Zenaidi, Smadhi, Sayyari, Souélem, Debbich, Ben Ammar , Ouled Cheikh, Affar, Ouled Salem, Louati,  Touati.

L’équitation “M’Daouri” est particulièrement enracinée dans cette région. La relation entre le mode de pratique de ce type d’équitation et la communauté trouve encore son expression dans cette équitation zénète,  si riche et si variée. En effet,  en plus de leur technique dite de harcèlement que nous avons évoqué précédemment, les cavaliers zénètes  adoptaient parfois des mouvements d’approche  circulaires autour des leurs adversaires et attaquaient le corps de l’armée adverse en renfermant le cercle et en pratiquant des acrobaties pour éviter les jets de lance.  Se basant sur les techniques ancestrales de dressage de chevaux à l’art de la guerre, ils apprenaient à leurs montures les ruades, les cabrages, les pirouettes qu’ils pratiquaient  au cœur  des combats.  Leur équitation était basée sur une complicité avec leurs montures  auxquelles  ils apprenaient le coucher, l’attaque, la volte. 

La confrérie des Ouled Majer : Selon Ibn Khaldoun ,  les Ouled Majer  sont à l’origine berbères proches des Fraichichs ( Frécus) . Mohamed Ali Habbachi attribue à cette tribu des origines  composées de tribus arabes ( M’Henna) et berbères ( Chketmiya et Fdaouiya). Les Ouled Majer ont soutenus Ali Pacha lors du conflit husseynite et ont subi la disgrâce du régime beylical rétabli par les fils de Hussein Ben Ali. Souvent surveillée et contrôlée cette communauté a développé un mode de vie et de pratique de l’équitation basée sur la ruse et la discrétion. Elle a aussi mené plusieurs insurrection contre le régime beylical jusqu’à celle de 1864 menée par Ali Ben Ghedhahoum ( Majri issu de la branche des M’Sahell). Leur pratique de l’équitation est basée sur le Minchef mais aussi sur le M’Daouri particulièrement la ” Ezgarra”. 

Les confréries  du  Nord. 

Les Maaouines: confrérie maraboutique fondée par Sidi Maaouia El Cherif. Celui ci arrive directement de Sakya El Hamra et s’installe à Dakhla sur la propriété dite Henchir Dar Antar (Nord Est de Menzel Temime) ou se trouve actuellement son mausolée.  Sidi Maaouia est descendant direct de Fatma Ezzahra . Ce lignage était  confirmé par un livre généalogique dit alaouite  et actualisé tous les cinq ans par l’autorité de référence  du royaume chérifien. Il était reconnu par l’autorité ottomane et conférait à la communauté des Maaouines une légitimité et un statut privilégiés. Plusieurs branches ou familles ont émigrés vers les alentours de Tunis tel les Yferni, Maaoui, Jouini ainsi que d’autres qui ont intégrés la tribu des Béjaoua installés vers Sidi Abdelbasset, Sidi El Bechir constituant ainsi un regroupement confrérique.   La Famille Yferny sera grâce à Sadok une référence en matière d’équitation traditionnelle de type M’Daouri. 

Ouled Sidi El Bechir : selon Ahmed Ibn Abi Dhiaf , Sidi El Bechir était d’origine Algérienne des hauteurs de Zouara ( Est Algérien) . Il était un homme de savoir et enseignait à la Mosquée de la Zaytouna. Reconnu comme un homme pieux détaché des biens son enseignement a été respecté par ses disciples. Il est de tradition chez les “Ouled Sidi El Bechir” de n’accepter aucune  compensation matérielle allant jusqu’à codifier la dote et les offrandes apportées à une mariée appartenant à la communauté et fréquemment désignée  ” Bint Sidi Sidi El Bechir” .  L’histoire rapporte que le Bey lui même brandit l’étendant de la Zaouia et accorda à Sidi Mohamed El Arbi El Bechry commandeur de la Zaouia, l’usufruit total et totalement exonéré d’impôts du domaine de “Henchir Ennemra”. 

Sidi Hassen El Bakkay:  Sur la route qui mène de Mateur à Tunis à mi chemin environ, se trouve le mausolée de Sidi Hassen El Bakkay ( Jellou, Djedeida). Ce dernier était lui même un homme de savoir et lié d’amitié à la confrérie de Sidi El Bechir. Nous disposons de peu d’informations écrites à son sujet , c’est la mémoire locale qui sera notre principale source.  Celle ci attribue au Saint des vertus de guérisseur ( particulièrement les affections cutanées). Il était reconnu aussi par sa générosité et son hospitalité , le mausolée était le refuge des démunis et des voyageurs. A l’observation des us et pratiques la similitude avec la confrérie de Sidi El Bechir parait évidente. Il est même établi que la désignation des dates des “Zerda” de chacun des Saints fait l’objet d’un accord entre les deux commandeurs maraboutiques. La communauté cavalière des deux régions apprécie cette organisation qui leur permet de célébrer les deux saints ensemble , leur pratiques équestres étant les mêmes. 

Récapitulatif

En conclusion de ce chapitre réservé aux communautés impliquées et en parcourant le listing des cavaliers nous retrouvons tous les noms patronymiques cités plus haut dans la liste des cavaliers intervenants dans notre programme confirmant ainsi la rigueur de notre travail dans le choix des intervenants.   

Le cheval barbe compagnon d’arme du cavalier

Le cheval barbe  est le cheval  autochtone d’Afrique du Nord. Il est présent dans toutes les mosaïques de l’ère carthaginoise, romaine, byzantine témoignant ainsi de son importance culturelle et sociale. Le standard de la race est défini par l’Organisation Mondiale du Cheval Barbe: association créée le 21 juin 1987 et dont le siège se trouve à Alger. 

Le berceau du cheval barbe en Tunisie est compris entre le sud du Tell Septentrional (Kroumirie) et le Haut Tell (Dorsale). La dorsale tunisienne, chaîne calcaire, s’étend des monts de Tébessa (Algérie) vers le cap Bon et se compose de groupes montagneux calcaires, de plateaux escarpés et de dépressions: Chambi (1544 m), Semmama (1314 m), Serj (1 357 m), Zaghouan (1 295 m) et Sidi Abderahman (637 m). Ce sont ces régions qui portent le sceau de l’histoire du cheval barbe en Tunisie. Elles se nomment aujourd’hui Le Kef, Siliana, Kasserine, Gafsa, Oueslatiya,. C’est dans ces régions que se pratique encore l’équitation traditionnelle dite «Minchef» et souvent prononcée «Mchef» ou «Michef» que nous développons dans ce travail de mémorisation. Les us et coutumes de ce patrimoine sont au cœur des «Zarda»,   

La morphologie du cheval barbe n’est pas uniforme. Elle est l’expression de son terroir d’élevage (sol, climat, conduite), de la pratique de son usage (parade, guerre, transport, labour) et du rang de ses maîtres (les juments des notables étaient saillies par les meilleurs étalons). Toutefois, il se reconnait grâce à une encolure moyennement longue, épaisse et bien greffée à sa base, un dos fort et porteur, une épaule distinguée et droite, une arrière principale arrondie légèrement vers le bas et une attache de queue basse. Cet aspect permet au cheval barbe de supporter des fardeaux lourds particulièrement lors d’expéditions militaires tel que la M’Halla. En effet celui-ci est capable de porter un poids de 160 Kg environ et parcourir des distances importantes (env 50 Km / jours pendant seize jours, durée moyenne d ‘ une expédition pour la collecte de la Mejba). Ceux qui ont eu le plaisir de partager des épreuves avec ce cheval parlent d’un instinct, d’une complicité, d’une attention et d’un courage à toute épreuve mais aussi d’un être fier, fidèle, généreux mais rancunier ( il refuse l’injustice).

Pour l’armée il a été durant un siècle le cheval de guerre par excellence. Durant la guerre de Crimée, sous le commandement du Général Rachid et du Général Osman, le contingent de cavalerie tunisien avec des chevaux barbes participera au succès de la coalition française, anglaise et ottomane. Celui-ci, composé d’environ 12 000 soldats et militaires de formation s’illustrera durant la bataille de Batakava. Ces militaires ont été formés pour l’essentiel à l’École polytechnique du Bardo, institution d’enseignement militaire, fondée en 1837 par le Bey réformateur le Mushir  Ahmed Bey ( fig du bas à dte). A son retour en Tunisie le corps de cette expédition défila devant la grande mosquée de la Kasbah en présence de SA M’Hamed Bey (1857) (fig en bas). Les succès de la cavalerie tunisienne inspireront le réformateur Sadok Bey qui crée un centre d’élevage national du cheval autochtone: Le haras de Sidi Thabet (1866)

 

Les allures  du cheval barbe sont équilibrées et légèrement disgracieuses. Elles rappellent dans certains mouvements les allures saccadées mais tellement équilibrées d’un ambleur. Elles sont le fruit d’une sélection millénaire dont les racines remontent aux populations numides autochtones et leur mode de pratique de l’équitation. En effet les numides chevauchaient leurs chevaux sans harnachement, sans selle et sans bride. Un simple tapis servait de selle et un collier passé autour du cou de bride. Naturellement le cavalier numide choisira le cheval confortable donc celui dont les allures se rapprocheraient plus de l’amble. Avec les conquêtes musulmanes sur vit le cheval arabe faire son apparition en Afrique du Nord et c’est naturellement qu’il fut mélangé aux autochtones. Cet apport produira le cheval Arabe Barbe aux allures plus exemples et au tempérament plus fougueux. Cependant vu le nombre limité de chevaux arabes arrivés au VII Siècle puis au XI siècle par rapport à la population autochtone, on serait amené a parler plus d’un trempage de sang que d’une absorption.

L’agilité du cheval barbe est reconnu à travers l’histoire. De Massinissa à Micipsa, de Jughurta à Hannibal, de Tarik Ibn Zyad à Assad Ibn Al Fourat les historiens louent l’agilité du cheval barbe et reconnaissent son apport différentiel par rapport à la cavalerie adverse. Selon Polybe durant la bataille de La Trébia (deuxième guerre punique 218 av JC) Hannibal Barca remporte la victoire grâce à «la cavalerie numide légère» corps composé de 1800 cavaliers numides dus est assignée l’ordre de mener des actions d’attaque et de replis rapides pour attirer les légions romaines de Longus. Il en est de même durant la bataille de Cannes (216 av JC) ou la légèreté de la cavalerie numide et la maniabilité du cheval barbe provoqueront l’effondrement de la cavalerie de Varron permettant ainsi l’encerclement des légions romaines et enfin la victoire d «Hannibal. C’est aussi cette agilité qui sera l’atout principal de la victoire de Tarik face aux Wisigothes. L’armée Wisigothe se composait essentiellement de cavaliers chevauchant des montures imposantes capables de supporter les poids du cavalier, de son armure et des protections. Ses mouvements étaient lents et ses chevaux lourds. Sur ordre de leur chef, les cavaliers Zénètes (Tribu amaziegh région de Kasserine) se sont rédigés en aile de pigeon (figure qu’on retrouve aujourd’hui en Equitation traditionnelle des Ouled Sidi Tlil). Munis de glaive dans les deux mains et chevauchant à toute allure ils attaquaient le corps de la cavalerie en réalisant des mouvements de bras vers le bas et bénissent leurs adversaires au niveau des jambes ce qui provoquait la chute des cavaliers wisigoths. L’agilité des chevaux barbes et arabes barbes associés à une équitation adaptée et une maîtrise des cavaliers Zénétes (ce qui engendrera ensuite la monte à la «Jinetta») ont permis une victoire historique de la cavalerie berbère. Cet épisode de l’Histoire aura des impacts très profonds sur l’art équestre hispanique (et mondial) d’une part et surtout sur l’évolution des races autochtones en croisement avec ce cheval barbe arabe barbe (Andalous, Lisuthanien, Napolitain, Camarguais ..). Voir Texte Ahmed Rayyane L’agilité des chevaux barbes et arabes barbes associés à une équitation adaptée et une maîtrise des cavaliers Zénétes (ce qui engendrera ensuite la monte à la «Jinetta») ont permis une victoire historique de la cavalerie berbère. Cet épisode de l’Histoire aura des impacts très profonds sur l’art équestre hispanique (et mondial) d’une part et surtout sur l’évolution des races autochtones en croisement avec ce cheval barbe arabe barbe (Andalous, Lisuthanien, Napolitain, Camarguais ..). Voir Texte Ahmed Rayyane L’agilité des chevaux barbes et arabes barbes associés à une équitation adaptée et une maîtrise des cavaliers Zénétes (ce qui engendrera ensuite la monte à la «Jinetta») ont permis une victoire historique de la cavalerie berbère. Cet épisode de l’Histoire aura des impacts très profonds sur l’art équestre hispanique (et mondial) d’une part et surtout sur l’évolution des races autochtones en croisement avec ce cheval barbe arabe barbe (Andalous, Lisuthanien, Napolitain, Camarguais ..). Voir Texte Ahmed Rayyane 

L’habit traditionnel du cavalier

Descriptif des éléments:

1- Casque  ou El Gualeb :  en forme de rond se porte sur la tété du cavalier pour sa protection. Il est fabriqué à partir de lanières de laine et de cordage de lin, mélangés à du savon et de l’eau chaude, tressées et pressées pour obtenir une structure rigide.

2-  Turban ou El Lehfa :  Tissu blanc qui enroule le casque ( El Gualeb). Il tombe jusqu’au cou du cavalier et s’insère sous le gilet pour assurer la protection de la nuque. Il est l’équivalent  d’une Bavière  

3- Bande Lassé ou El Barma : Tissu noir long et étroit . Il se pose autour du casque et au dessus du turban, bien serré en croisé ( d’ou le mot Barma qui signifie croisé en tresse). Ce tissu peut parfois être de couleur blanche ou crème . Par dessus ce tissu s’accroche des petites lanières décoratives spécifiques à chaque  groupe de cavaliers sans que cela n’obéisse à une règle ou un code. L’ensemble constitue le couvre chef . Sans codification imposée par la tradition , il est de coutume de voir un même couvre chef  porté par un groupe ou une confrérie. Il devient alors un signe distinctif. voir image ci dessous

4- Gilet ou El Mintane: en tissu de soie  brodé se porte au dessous d’une chemise a manche longues et ample pour protéger le haut du corps. La richesse de sa broderie peut être interprété comme un signe d’appartenance à un rang social au même titre que ne l’est la broderie de sa selle.

5- Pantalon ou El Seroual el Arbi: Pantalon de couleur blanche, très ample  devenant serré vers le bas. Sa forme épouse le Houli pour une protection du bas du cavalier.

6- Haubert ou El Houli : Tissu blanc de soie tombant jusqu’au genoux puis ramené par ses bouts au niveau de la ceinture et accroché à celle ci par la Maherma ( voir point 9) . Il est fendu au milieu pour permettre le déplacement du cavalier ainsi qu’une plus grande souplesse de mouvements à cheval. Associé aux formes particulières du pantalon dit “arabe” il assure une protection des cuisses du cavalier. A cheval les formes tombantes du Houli du costume cavalier viennent protéger également les flans de sa monture.

7– Cartouchière ou El Mahzma : Fabriquée à partir de cuir supérieur brodé au fil d’argent et de soie naturelle, elle s’utilise pour accrocher les cartouches. Elle se porte au dessus du gilet et est considéré comme l’élément décoratif par excellence de l’habit du cavalier. Les portes cartouches , également brodées sont placées autour de la ceinture du cavalier.

8– Chaussures ou Essabbat: Fabriquée en cuir léger avec une semelle lisse et souple pour  permettre au pied de mieux adhérer aux étriers ( la planche des étriers arabes étant courbée)

9- Mimi Chaps ou El Jizmet: Fabriquée en cuir de la même qualité qu’El Mahzma et portant les mêmes motifs de décoration et de broderie elle sert à protéger les jambes du cavalier et en meme temps d’envelopper le pantalon . Elle est considérée aussi comme la continuité décorative de l’habit du cavalier. 

10- Foulard ou El Maherma: Elle sert à accrocher les bouts du Hram à la ceinture. C’est un foulard de couleur vive  qui tranche avec la couleur blanche de l’habit. Le foulard a une dimension affective chez le cavalier. Il appartient soit à sa mère ( le plus répandu tant que celle ci est en vie) soit à son épouse ( ou à sa bien aimée).

Nous reconnaissons dans cet exposé des éléments de l’habit traditionnel du cavalier  certaines similitudes avec les chevaliers d’autres cultures . Dans la mémoire collective une phrase revient à chaque fois que les prouesses équestres du  cavalier sont  évoquées.

La citation dit: “le tombeau du cavalier est toujours ouvert et son linceul porté sur sa tête”. Le cavalier  confirme cette citation par la couleur  blanche du Houli  et le choix  du foulard (de sa bien aimée). Il souhaite que cet objet chargé de sentiments l’accompagne dans son dernier voyage. Nous retrouvons ici la même signification du foulard dans les joutes équestres du moyen âge en Europe

La  Selle traditionnelle tunisienne

Nom de l’élément : selle traditionnelle tunisienne

Définition de l’élément : outil permettant de se tenir sur le dos d’un cheval

Description de l’élément : Structure rigide en bois taillé, de dimension variable  selon les régions ou les communautés,  enveloppée de morceaux de cuir de différentes formes présentant  des agencements et des broderies spécifiques à ces régions

 Composition de l’élément :   14 éléments composent la selle traditionnelle tunisienne :

Tableau des nomenclatures : 



Modèle selle traditionnelle classique

Références techniques  :  

Définition des éléments composant la «selle traditionnelle tunisienne»

  • L’Arçon: Aadham

C’est l’armature ou structure de la selle. Elle est fabriquée générale en bois taillé et ajustée selon les formes du cheval qui va supporter la selle. Certains artisans utilisent de nos jours de la fibre de résine moulée pour fabriquer des arçons plus solides et plus confortables pour le cheval et le cavalier. Cette armature est ensuite recouverte de cuir de chameau qui épouse la forme de l’armature et la renforce.

L’arçon de la selle traditionnelle tunisienne présente un pommeau surélevé à l’avant et un dossier arrière (troussequin) placé perpendiculairement au siège de la selle. Le pommeau et le troussequin sont deux éléments importants de la selle. Leur dénomination varie d’une région à une autre. Leurs dimensions varient également selon les régions et donnent une nomenclature différente à la selle: expl: selle de Kairouan (pommeau élevé et troussequin large) selle Gouadri de Gabés (pommeau peu élevé et troussequin étroit)…. L’assise centrale de l’arçon présente elle aussi des différences de largeurs selon les régions. exemple l’assise est très large (Nord Ouest), moyennement large (Kairouan) et étroite dans les régions du Sud. Grace à ces données l’arçon devient un indicateur du mode d’usage de la selle et définit un mode d’équitation spécifique. Les fiches des différentes régions développent ces indications.

  • La couverture de l’arçon ou chemise de selle: Stara

 

 

 

 

 

C’est l’élément  qui recouvre l’arçon. Il est fabriqué en cuir et se compose dans ses extrémités de deux chapeaux qui recouvrent le pommeau et le troussequin reliés entre eux par une grande pièce de cuir rembourrée. Ces deux chapeaux présentent une face brodée (extérieure) et une face lisse (intérieure). La face brodée du troussequin peut présenter une plaque en argent ciselé signe distinctif du rang social du propriétaire de la selle. C’est un élément standard de la selle qui garde la même nomination et la même fonction dans les différentes régions.

 

  • L’enveloppe extérieure ou tapis de selle: Bycht 

C’est la décoration de la selle. Il recouvre la couverture de l’arçon et comporte deux fentes à ses extrémités ou s’incèrent les deux chapeaux qui recouvrent le pommeau et le troussequin. Cette pièce est une grande pièce de cuir rembourrée présentant aux quatre angles une broderie allant du fil de soie au fil d’argent voir au fil d’or orné de pierres. C’est un élément standard de la selle qui garde la même nomination et la même fonction dans les différentes régions mais qui diffère par la richesse de sa broderie C’est souvent un indicateur du rang social de son propriétaire.

  • La sangle «H’zam»

C’est choisi qui fixe la selle par deux points d’accroche dans l’arçon. Il est fabriqué en laine tressée et relié à des attaches en fer qui servent de boucles par des plaques de cuir

 

 

  • Les étrivières «Sbett»

Ce sont des lanières de cuir permettant de relier les étriers à l’arçon. Ces pièces sont très importantes puisqu’elles acquièrent au cavalier la stabilité dans sa selle

  • Les étriers «Rkeb»

  Pièce en fer qui offre un point d’appui au cavalier. La forme est rectangulaire à la base avec une convexité centrale et les cotés remontent sous forme d’un triangle au sommet et se fixent autour d’une boucle centrale ou s’incèrent les étrivières. Les étriers peuvent être fabriqués en argent massif ciselé avec des motifs personnalisés. C’est un signe distinctif et une reconnaissance aux cavaliers valeureux de la tribu

  • Le tapis de selle «Lybd»

 

Pièce carré en laine compactée avec les contours brodés en cuir. Le tapis de selle est un savoir-faire ancestral remarquable. Fabriqué à partir de laine de mouton tissé il doit son compactage à un tour de main tenu secret grâce à l’effet combiné de l’eau chaude et du savon gras.

  • Le couvre reins «Tikfel» ou Housse

C’est un tissu qui recouvre le dos et l’arrière principal du cheval jusqu’au niveau de ses jarrets. La texture de ce tissu n’est pas codifiée mais elle est souvent légère et fraîche. Elle est souvent richement brodée avec des couleurs vives. Certaines tribus préconisent un cycle similaire pour tous les cavaliers. Il devient alors un signe distinctif d’appartenance à la tribu ou à un groupe de la tribu.

  • La têtière ou œillères «Aadhar»

C’est la pièce maîtresse de décoration du cheval. Elle est cuir souple et entièrement brodée en respectant les motifs de la selle. Elle parcoure le passage arrière des oreilles et descend vers la bouche pour décorer la mariée et fixer le mors. Le haut de la têtière porte une lanière frontale devant les oreilles et deux plaques visibles les yeux (œillères)  

  • Les joues «Khdoud»

Chez certaines tribus du sud l’usage de la têtière est prohibé. La décoration de la mariée se limite à des plaques latérales brodées de partie et d’autres des joues du cheval à la manière des œillères australiennes. Les joues sont donc substituables à l’Aadhar.

  • Le collier «Glada»

Plaque de cuir brodée circulaire s’agençant autour de l’encolure du cheval. Elle offre outre son coté décoratif un véritable point d’appui pour le cavalier dans le cas d’un écart du cheval ou toute autre cause occasionnant une perte d’équilibre du cavalier.

  • La mariée «Ljaime» 

Pièce en fer travaillée sous forme de barre allant dans la bouche du cheval et fixe de part et d’autres par deux S, la boucle du dessus servant à fixer la mariée et celle du dessous servant à fixer les rennes.

  • Les rennes «Sraates»

Lanières en cuir assurant le contact entre la main du cavalier et la bouche du cheval. Dans de rares cas ces rennes peuvent être en cuir brodé il s’agit alors de rennes de parade utilisé par les notables ou les princes.

  • Le poitrail «Diyr»

Plaque assemblée de cuir et de laine reliée par ses deux extrémités à l’arçon et passant au niveau du poitrail du cheval. La face intérieure est en laine douce pour éviter de bénir le cheval alors que la face extérieure est en cuir brodé avec les mêmes motifs que la selle et que la têtière. Elle peut comporter à son centre un triangle pendentif ou sont brodés des armoiries ou des noms tribaux.

Article   : J EUNE A FRIQUE 4 mai 2013

 

 La Broderie: 

 Broderie autour du Pommeau de la selle (en arabe Karbouss) figure de Gauche Représentation de la couronne (TEJ)

 Broderie autour du Troussequin de la selle (en arabe Djaja) figure de Droite Représentation de la couronne (TEJ)

Selle brodée en fil d’or et d’argent réalisée par Moncef Ben M’Lah en 2016 et offerte par l’USIC à Mme la ministre du Tourisme et de l’Artisanat Selma Elloumi Rekik. Le modèle, à l’origine, appartenait à Sidi Rachid Hayder, Emir Oumara, petit fils d’Ali Bey (1882/1902) également neveu et gendre de Mohamed Hadi Bacha Bey (1902/1906). Ce modèle a été confectionné en 1903 pour une parade de la Mehalla. Le tableau symbolisant cet événement est la propriété de Mme Soukaina Hayder Ben Gobrane.

 

Broderie autour de l’enveloppe de la selle (en arabe Bychte) représentation des armoiries (Nichan)

PROGRAMME DE SOUTIEN DE L’USIC AUX MÉTIERS DU CHEVAL ET AU SAVOIR TRADITIONNEL

Voici l’histoire de Mohamed, Béchir, Soufyan, Tahar,… et d’autres jeunes…

Souk El Laffa, Beja: 21 février 2014

Mohamed a 24 ans. Il est né à Beja et y habite. Il a poussé ses études jusqu’au niveau  collège, puis a choisi une formation professionnelle en informatique. Il n’a pas pu aller plus loin, dans les formations et les diplômes. Il est chômeur. Son père, Moncef Ben M’lah , âgé de plus de 60 ans, est  maître artisan sellier. Un métier qu’il a relayé de son propre père. Mais, Mohamed ne pouvait pas prendre le relais à son tour, c’est un métier classé « en voie de disparition » depuis des années par l’office de l’artisanat.

Béchir  a 29 ans. il est né à El Hamma de Gabés. Fils de Belgacem Sébaii  son avenir était tracé . Unique garçon d’une fratrie  de plusieurs  filles,  tout son entourage voyait en lui le  successeur de son père maître sellier de la tribu et surtout de son grand père reconnu comme un des meilleurs selliers jamais connu chez les Béni Zid . Ce dernier,  détenteur du secret de fabrication de la très mythique selle type Gouadrii , était capable d’ajuster une selle, de la poser sans tapis de protection sur le dos du cheval sans que celle-ci ne le blesse. C’est naturellement que Béchir épouse la carrière de sellier. Mais l’écroulement du système a eu raison de son engagement. Il ferme l’atelier familial et survit désormais de petits métiers.

Soufyan a 32 ans. il est natif de la région de Sidi Zarrouk au sud de Gafsa. Fils de cavalier, il s’est orienté vers la fabrication des arçons de selle. Il exerce sa passion durant ses heures libres et occupe un poste de gardiennage à mi-temps.

Trois  jeunes au croisé des chemins, à la recherche d’un signe, que le destin va réunir  autour d’une idée, un projet à eux, une résurrection,  un jour heureux 

 En Tunisie, jusqu’à il y a quelques mois, il ne restait qu’un seul maître sellier en activité à plein temps sur tout le territoire.  Autant dire que ce métier ne nourrit plus son homme. Le sellier rescapé de  Beja, Moncef le mohican, dernier gardien d’un savoir traditionnel  en voie d’extinction  en souffrait. Nous sommes sous perfusion déclara t-il aux responsables du programme USIC venus le rencontrer. Regarder toutes ces ruelles, ces magasins, ces ateliers, c’est Souk el Laffa et Essarrajine  de Béja. Jadis il grouillait d’artisans.  Aujourd’hui il ne reste plus que mon atelier. Comment pouvait-il, dans ce cas,  y orienter son propre fils et l’encourager à persévérer dans cette activité, comme il l’a fait lui-même un peu par amour du métier, un peu par reconnaissance. Etre sellier était en quelque sorte son destin, une sorte de fatalité inexorable. 

Par reconnaissance au destin il a  gardé l’atelier de son père ou il entrepose quelques articles. Par reconnaissance aussi il a maintenu en poste Abdelaziz, fidèle apprenti de son père , ami de toujours et de plus de dix ans son aîné dans l’atelier qu’il occupe. Dernier artisan à fabriquer les montures, celui-ci incarne  pour lui la mémoire de son père

L’histoire est encore plus cruelle à El Hamma, à Kairouan, à Tunis . Comme beaucoup d’autres, Béchir a choisi de partir, de tourner la page de l’histoire, la page de la mémoire.  Hadj Abderrazak , la référence de Kairouan, issu de  trois générations de maîtres selliers, a lui aussi choisi de tourner la page  tout comme les enfants de Hadj Laaroussi véritable institution en matière de sellerie à Souk Essarrajine de Tunis et bien d’autres ; choix amère d’une profession saignée dans son corps par les piqûres des aiguilles à broder, brisée dans son âme par l’égocentrisme  et l’obscurantisme d’un nouveau système orchestré par des sous intellectuels nourris et cultivés  dans le moule du “ce qui est pris n’est plus à prendre” particulièrement s’il détruit les symboles, reformule  les règles et reclasse les témoins d’une nouvelle société. 

Et pourtant, Mohamed a pu commencer aujourd’hui une nouvelle vie, aux côtés de son père, dans l’atelier de son grand père  avec un travail à plein temps. C’est un jour heureux.   Béchir a ré ouvert l’atelier de son père et y exerce de nouveau le métier de ses ancêtres et Soufyan s’est remis à fabriquer ses arçons. C’est un jour heureux. 

Ce jour heureux est venu à la suite de toute une succession d’événements.

 Il y a quelques semaines son père, Moncef a reçu dans son atelier la visite de Mr Trad Ben Gobrane président de l’Usic: Union Syndicale Interprofessionnelle du Cheval et de Mme Najla Chaar directrice de communication de “Tunisiana” et partenaire de l’USIC dans un programme ambitieux pour le sauvetage des métiers artisanaux menacés de disparition. Il a signé une convention avec l’USIC -. Quelques jours après Béchir a signé lui aussi une convention avec l’USIC tout comme les cousins ​​Ben Hamed de Douz. A Gafsa le jeune espoir de la cavalerie traditionnelle Salah Ben Othman présente Soufyan aux responsables de l’USIC. Jeune charpentier, Soufyan maîtrise la fabrication des arçons de selles et souhaite cultiver son don. De suite un réseau d’échange d’information est mis en place grâce au travail des coordinateurs des différentes régions Ce réseau a permis aux acteurs de parler, d’expliquer et aux responsables de leur syndicat d’interpréter et d’agir; le programme 2014 comprend des tournois, des spectacles, des compétitions et bien sur des trophées et des récompenses. Alors pourquoi pas des selles? lance Mohamed Ali Meherzi Souii, véritable poumon de l’aile culturelle de l’Usic. Une commande est de suite prévue avec les signataires et avec elle l’espoir de reprendre  gout au travail, à la vie. 

Toutefois, un goulot d’étranglement dans la chaîne de production apparaît: la broderie. En effet comment allier un coût accessible aux cavaliers à une qualité de travail prestigieuse avec un temps de travail court? Jusque la Moncef sou traitait ce poste, s’agenouillait pour le respect des délais et refusait même des commandes si elles n’étaient pas groupées (avec une exigence supplémentaire celle d’être étalées dans les livraisons). Comble du paradoxe ou le refus du travail  devient parfois le salut. 

Souk El Laffa, Beja: 16 avril 2014 

L’achat d’une brodeuse devient nécessaire pour respecter les délais et honorer la parole dans un monde ou  celle-ci prime  encore les écrits .Mais la brodeuse est chère et  Moncef n’a pas les moyens de l’acheter ni la rentabiliser tout seul. Pourtant il prend contact avec le fournisseur pour préparer un devis et cherche un financement car il sait qu’il doit honorer sa parole, respecter les délais de livraison des selles commandées par ses nouveaux clients, devenus ses amis, ses compagnons. En même temps  Mohamed est chômeur, l’achat de la machine lui permettra de « se mettre en selle », de commencer une vie active et prêter main forte à son père. De plus cette machine lui  permettra  de travailler sans stress, sans pression. A mon âge je le mérite  bien se disait il.  Peine perdue, c’est  compliqué, complexe,  les conditions d’attribution sont irréalisables, et les taux d’intérêts excessifs. Alors il décide d’en parler ; discrètement ou entre les lignes avec finesse et courtoisie à la manière du brodeur de selle qu’il est ; il s’exprime en codage avec ceux qui sont devenus ses amis, ses compagnons, ses frères d’armes et pense même annuler une partie de la commande . Je ne serais jamais dans les temps disait il .  Lors d’une visite il décide d’en parler ouvertement  à celui qu’il appelle désormais « Sidi Khouya » avec une voix vibrante, une main tremblante et un regard dérobé. Mais le sourire et l’accolade amicale du président de l’Usic le rassurent . 

Une semaine s’est écoulée depuis qu’il a parlé de son rêve, une semaine de doutes, de tourmentes, de rêves, de cauchemars, de nuits blanches, de retour brutal à la réalité, sa réalité, avec ses difficultés, ses souffrances, ses désillusions. Il  regrette, il a peur d’une mauvaise interprétation de sa requête auprès de celui qu’il considère son ami et la main tendue de son destin.  

Ce Mercredi 16 Avril 2014 est un jour heureux, le souk de Béja connait une agitation inhabituelle. Pourtant ce n’est pas un jour de Souk mais c’est un jour heureux.  Moncef le dernier fils d’une confrérie de selliers  a rouvert le vieil atelier de son père  et c’est Mohamed son fils qui occupe les lieux. Un symbole ou peut être une revanche sur le sort. Ce Mercredi 16 Avril 2014 est un jour particulier. Moncef  a reçu ce matin  une brodeuse informatisée neuve et un technicien est entrain de  former Mohamed son fils, son héritier. Le vieil atelier retrouve son énergie, les amis, les voisins, les passants  sont là pour féliciter, pour découvrir, pour commenter.  Soufyan a fait le déplacement de Gafsa  pour prendre les mesures des commandes d’arçons, Salah l’accompagne pour dire mabrouk à am Moncef  et Béchir doit les rejoindre pour livrer les motifs à broder des nouvelles selles commandées à Gabés. Ils discutent avec Mohamed, parlent de selles, de souvenirs, de prouesses équestres.   

Oui ce mercredi la destinée a réunie ces jeunes autour d’un espoir d’une vie meilleure, autour d’un parchemin  écrit par le savoir  de leurs ancêtres.

Souk El Laffa, Beja : 3 Mai 2014

 Voila déjà plus de 15 jours que l’atelier qui abrite la nouvelle brodeuse vit d’une autre vie .Le frère aîné de Moncef , retraité de son état , est venu prêter main forte à la famille. Lui aussi était sellier avant d’émigrer en Arabie Saoudite dans les années 90.  Sourire aux lèvres, il reprend ses vieux gestes d’artisan sellier et partage avec Abdellaziz des souvenirs du maître (El Maalem). Béchir Sebaii est également présent. Arrivé il y a quelques jours d’El Hamma, il est en stage chez « Am Moncef » et participe activement au travail de l’atelier. Tout à l’heure vers 13h  Moncef recevra la visite de son ami accompagné de Monsieur le Ministre de la Culture venu le féliciter et le soutenir dans son travail. Il est porteur de nouvelles réjouissantes concernant un ensemble de mesures de soutien aux gardiens de notre savoir traditionnel et parmi elles celles d’un projet d’enregistrement   des composantes de ce patrimoine culturel .

La poignée de main est chaleureuse, le regard franc et la parole fluide. Dans un moment de rencontre autour de notre histoire et de notre culture les trois hommes parlent, partagent, évoquent, composent, sourient. Instants de vie ou jour heureux, des hommes de cœur ont partagé ce jour heureux  autour d’un morceau de pain et d’un parchemin. 

                                                                                                                          T. B. G. 

Business Plan: Synthèse du programme et Stratégie de développement durable la filière:

  1. Réconciliation culturelle, Création d’emplois et Sécurisation frontalière 
  2. Programme Quinquennal et Développement Durable
  3. Formation professionnelle et Encadrement
  4. Intitule des formations proposées
  5. Sauvegarde  du Patrimoine National rattaché au Cheval
  6. Sélection des jeunes cavaliers candidats au programme
  7. La transmission du Savoir Ancestral avec Al Adiyat
  8. Formation des  Agents du Patrimoine
  9. Les actions rattachées

Réconciliation culturelle, création d’emplois et sécurisation frontalière 

Depuis sa reconnaissance officielle l’USIC a engagé plusieurs actions de proximité de soutien et de sensibilisation particulièrement à travers l’émission télévisée qu’elle produit intitulée «Fouroussiyat», auprès des acteurs de la filière pour rassembler, soutenir et sauvegarder le savoir-faire et l’authenticité de l’ensemble de notre patrimoine équestre. Cette proximité lui a permis d’observer les dérives et les menaces de déformation et de disparition qui pèsent sur ce patrimoine culturel et artisanal ainsi que sur tout le savoir-faire ancestral qui l’accompagne.

La « Fourroussiya » ou art équestre traditionnel tunisien est une pratique traditionnelle de l’équitation et de la relation de l’homme avec son cheval au sein des tribus et des communautés nomades d’éleveurs de bétail dans certaines régions tunisiennes. . Elle permettait, à l’origine, aux éleveurs de ces différentes tribus de mieux assurer leur sécurité et celle de leurs cheptels. Les techniques du M’Daouri , du Minchef et du Aaged , spécialités régionales d’arts équestres, se transmettent aux jeunes générations au sein des familles par les cavaliers et cavalières. De nos jours, des associations d’équitation traditionnelle contribuent à transmettre cette tradition en entraînant les membres de la communauté, et en organisant des compétitions dans des festivals pour assurer la survie de ce savoir ancestral. L’exécution de plusieurs épreuves en public permet aux spectateurs d’observer les compétences déployées par les cavaliers, par exemple, pour dresser les chevaux à effectuer certaines figures périlleuses telles que le coucher, l’attaque, la cabrade. Vêtus d’un costume traditionnel comportant un couvre chef «Aarouj» à larges bords spécifique pour les hommes de chaque communauté et un «H’Rem» tissé pour les femmes, les cavaliers montrent leurs savoir-faire à pied ou à cheval. Intégrés à la tradition le costume, la selle, l’équipement et les éperons sont conçus et produits par des artisans locaux dont le savoir faire ancestral est transmis par les membres de la communauté aux jeunes cavaliers. La Fourroussiya est un aspect important de l’identité et du patrimoine culturel des communautés de détenteurs de ce savoir. Les praticiens perçoivent la tradition comme un moyen de transmettre aux jeunes générations des valeurs sociales importantes et propres à leur communauté telles que le respect, l’égalité, la générosité, l’entre aide entre les membres de la communauté ainsi que la solidarité avec les communautés voisines.

Ces impacts hautement identitaires et économiques que nous cherchons à reproduire à travers  la mise en valeur de notre équitation traditionnelle sont menacés de disparition. A cause de l’absence d’intérêt des autorités compétentes et une mauvaise approche socio politique ,la menace de perdre ces traditions, et par conséquent, leurs répercussions sur la dynamique naturelle de stabilité et de développement des régions, est maintenant grande et évidente . Faut-il encore le rappeler : les régions où se pratique depuis des siècles l’équitation traditionnelle sont les zones les plus fortement touchées par l’inégalité du développement régional et les moins nanties en animation touristique et culturelle Dans ces régions oubliées nos artisans perdent espoir et  nos enfants sont candidats à l’immigration, à l’endoctrinement. Considérant cette fière maxime qu’il n’est point besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer nous avons décidé malgré nos très faibles moyens de relever le pari de réhabiliter ce patrimoine national et démontrer aux budgétivores de la filière que la compétence et la volonté supplémentent les budgets. C’est le programme OPERE.

Programme   Quinquennal de réhabilitation et  Développement Durable 

  • Offrir à des jeunes   en situation sociale difficile issues des zones défavorisées des opportunités de travail autour  de leur  passion : Le Cheval et l’Equitation
  • Provoquer chez ces jeunes passionnés  une reconciliation culturelle économique  autour de leur écosystème et  favoriser leur implication  communautaire
  • Entreprendre  une mémorisation de l’ensemble du Patrimoine Culturel Immatériel rattaché à cet écosystème et son inscription  auprès  des instances mondiales.
  • Rentabiliser  les aspects socioculturels et historiques de cet écosystème par le développement rentable et durable du produit de niche et du savoir faire ancestral.
  • Engager le programme dans un environnement  de marché international durable générateur de Valeur Ajoutée.

Photos ci-dessous: Les pionniers du programme OPERE:

Le programme de réhabilitation de la filière équine intitulé « OPERE », est une coordination d’actions dont la résultante vise la sécurisation de la paix dans les régions sensibles par la création d’emplois durables, la préservation de notre patrimoine, la valorisation de notre identité culturelle et l’optimisation durable de nos ressources. C’est une action stratégique pensée, structurée et proposée par l’USIC et Al Adiyat pour assumer leurs responsabilités et participer au sauvetage de cette partie de notre identité nationale par l’instauration d’une dynamique de développement durable et respectueuse des spécificités sociales et culturelles.
Le programme a pris source grâce aux recommandations manifestées lors de la consultation nationale de 2013 organisée par l’USIC ainsi que l’ensemble des observations recueillies à travers les manifestations organisées durant les années de construction 2014, 2015 et 2016. Ils’adresse aujourd’hui à des jeunes passionnés de chevaux, âgés de moins de trente ans, en situation sociale difficile et issus des zones dites défavorisées. Il comporte des actions de Formation et d’Encadrement dont la synthèse vise une reconciliation culturelle, civique et socio-économique ainsi qu’ une implication communautaire dans leur écosystème.
Le programme s’articule autour de l’équitation traditionnelle comme vecteur de relance socio-économique, culturelle et touristique durant la période 2017-2021 associés aux arts et métiers, aux sports équestres. Il se projette en 2022 avec comme objectif final la création de structures associatives culturelles et sportives d’encadrement des jeunes de la région, d’ancrage culturel , de circuit alternatif d’accès à la connaissance et à la découverte de l’héritage culturel de la région pour les écoles et les collèges, de lieu de rassemblement et de divertissement pour les jeunes dans un cadre sportif et culturel sain. Ces structures constituent une rampe de lancement d’événements majeurs d’ordre culturel, touristique et sportif en vue d’apporter à ces régions oubliées une dynamique de développement durable ,une ouverture sur d’autres cultures, un moyen de lutte contre l’immigration clandestine et une sécurisation des relations avec” l’autre”. Ces événements sont au départ des circuits de randonnée culturelle à cheval qui permettent de découvrir, par des parcours équestres, l’ensemble du patrimoine de la région. Ils évoluent ensuite en circuits de compétitions sportives internationales ouvrant ainsi la voie à un développement de nouvelles destinations touristiques et de nouveaux marchés durables. Il fédère également ces énergies afin de permettre l’inventaire de ce pan entier de notre culture et sa transmission aux générations futures comme un symbole vivant de notre histoire, de notre culture et de notre civilisation

Formation professionnelle et Encadrement

Pour atteindre les objectifs du programme et assurer à celui-ci une dynamique durable,  il est impératif d’établir des bases et des fondamentaux solides. Pour cela, l’équipe chargée de la direction du programme a accordé une priorité absolue à la formation et à l’encadrement des futurs porteurs de projets.  Les Gites et Clubs hippiques constituent les bases de ce programme. Ces structures sont orientées vers l’équitation classique et vers les circuits touristiques de randonnée équestre et de valorisation du patrimoine. Elles sont dirigées par les jeunes de la région, sous forme d’associations, ayant reçu des formations adaptées en  équitation traditionnelle,  en techniques du spectacle,  en balisage de circuits de randonnées équestres et d’endurance. Ces centres comportent aussi une aile «Poney club» ouverte pour  les enfants ainsi que pour les écoles primaires  (en cours de sport par exemple), les collèges, les institutions régionales culturelles et touristiques, les centres de formations professionnels. Le produit  se compose d’une présentation du patrimoine de la région, de ses us et coutumes,   d’une animation en équitation traditionnelle artistique, de produits de la région,  de découverte de monuments et de sites par et autour de circuits  de randonnées équestres, de compétition sportives…. Ces structures locales sont connectées selon leur localisation territoriale  à un des centres régionaux de formation rattachés à l’association Al Adiyat.  Ces centres agissent comme plateforme de coordination pour les jeunes qui opèrent dans les  métiers rattachés au cheval  tel que  la maréchalerie, la sellerie bourrellerie, le tissage, la broderie, l’équitation sous toutes ses forme. Ils constituent également la mémoire de la région ainsi que sa vitrine culturelle et historique. Chaque structure  régionale bénéficie d’un noyau technique pour assurer d’une part l’encadrement des jeunes de la région et leur formation et d’autre part de proposer aux visiteurs un produit cohérent et respectueux des normes exigés par les tours opérateurs. Les formateurs rattachés à ces centres régionaux de formation et responsables de la sélection, de l’encadrement et de l’accompagnement de ces jeunes sont formés par des formateurs spécialisés durant une année et font l’objet d’une rubrique à part: la Formation des Formateurs  

Intitule des formations proposées

  • Formation en Équithérapie Classique, Gestion d’un poney Club, Monitoring des enfants handicapés, Handisport
  • Formation en Equitation Traditionnelle, Show Équestres, Chorégraphie, Voltige, Codification des Épreuves de Sélection, Juge National en Equitation Traditionnelle 
  • Formation des Agents de Collecte et de Traitement de l’information pour l’élaboration des dossiers du Patrimoine Culturel Immatériel.
  • Formation en Equitation  Classique, Dressage,  Gestion des Clubs et des Gites, Gestion d’un poney Club, Monitoring des enfants 
  • Formation en Equitation Trek et Randonnée,  Endurance, Codification des Épreuves de Qualification, Juge Régional en Endurance.
  • Formation en Maréchalerie, Dentisterie, Bien être du Cheval 
  • Formation en Sellerie Traditionnelle, en Broderie, en bourrellerie

Sauvegarde  du Patrimoine National rattaché au Cheval

Comme précédemment présenté, le programme global s’articule autour des formations à dispenser aux jeunes candidats pour leur assurer une ressource digne et durable. La Formation des Formateurs comporte une rubrique intitulée «  Formation des Agents de Collecte et de Traitement de  l’information pour l’élaboration des dossiers du Patrimoine Culturel Immatériel ».  Cette formation est nécessaire pour l’inventaire, le répertoriée  puis la numérisation de l’ensemble du patrimoine national équestre . La richesse de ce  patrimoine et sa diversité nous renvoie vers l’élaboration de fiches spécifiques pour chaque paramètre variable tel:

  • L’appartenance tribale ( Hammami, Férchichi, Yazidi, Ouerghemmi, Ounifa, Aouni, Ayari, Mejri, Dridi, Riahi, Methellith, Methnan, Zlass, Jlass, Ouertan,Chennouf, Naaffat)
  • L’appartenance familiale au sein d’une même tribu : Ouled Slama, Ouled Maammar, Zaabtiya, tous descendants de la tribu des H’Mamma, ou encore, Aouadi, Jbebbli, Zidi tous Boughanmi.
  • L’appartenance à une confrérie au sein d’une même ville Tradi, Charni ,Chennoufi  pour la région du Kef .

Décoration et disposition spécifique indiquant l’appartenance tribale du cavalier     par son porte chef. Singularité des couvres chefs dit « Aarrouj »  selon l’appartenance tribale : de Gauche  à Droite : 

  • Région du Kef : Ouled Boughanem(Farouk Laabidi et Ismail Jaouadi)
  • Kasserine : Ouled Sidi Tlil (Walid Hajji)
  • Gafsa : Ouled Maammar (Hatem Saii)
  • En arrière-plan El Hamma : Beni Zid(Youssef Lassoued)

Par ailleurs les « personnes ressources », reconnues par la communauté à laquelle ils appartiennent comme dépositaire du savoir ancestral  et comme référence en matière d’équitation traditionnelle et d’habit traditionnel seront les référents dans toutes les formations dispensées et les actions engagées dans le domaine de l’inventaire du patrimoine équestre sous l’égide des instances officielles tunisiennes de référence.

Sélection des jeunes cavaliers candidats au programme

Etape 1 : la présélection : elle s’opère lors des étapes du tour de Tunisie d’équitation traditionnelle. Le jury est constitué de quatre membres dont les compétences se complètent en termes d’évaluation et de jugement de la performance équestre.
Etape 2 : la formation de base : elle constitue la première étape de formation des jeunes sélectionnés pour évaluer d’une manière précise leurs aptitudes.  Elle permet l’orientation de l’élève cavalier vers une cession de formation adaptée (groom, jockey, équitation, élevage) si celui-ci présente un potentiel de cavalier. Dans le cas contraire il lui sera proposé une orientation vers un des métiers lié au cheval (sellerie, maréchalerie, dentisterie, maroquinerie) ou évoluer vers l’encadrement et la formation  des jeunes, l’entrainement des chevaux et l’organisation des manifestations locales.
Etape 3 : la formation adaptée : elle s’adresse aux différents corps de métiers et nécessite l’intervention de formateurs spécialisés dans les domaines requis.
Etape 4 : l’apprentissage pratique : les jeunes sont orientés vers les structures conventionnées avec l’USIC pour l’apprentissage. Cette phase est contrôlée par les formateurs de l’USIC pour assurer le bien-être et la sécurité des apprentis.
Etape 5 : l’insertion des jeunes : les jeunes formés sont orientés vers les différentes structures en relation avec l’USIC pour leur recrutement et leur insertion dans le secteur (l’interprofession de la structure prend avec cet exemple son sens et sa dimension)

La transmission du Savoir Ancestral avec Al Adiyat

Phase 1 : Elle s’opère lors des étapes du Tour de Tunisie de l’Equitation Traditionnelle et du Savoir Ancestral par l’assemblage deux paramètres : la rencontre avec les personnes ressources pour le patrimoine culturel artisanal et les cavaliers références de la région pour l’art équestre et le patrimoine immatériel rattaché à cet art. Cet assemblage conduit à l’élaboration de fiches techniques spécifiques  et permettent une évaluation objective des candidats.
Phase 2 : Elle s’appuie sur les résultats de la cession de formation en équitation traditionnelle. Les encadreurs élaborent une fiche d’évaluation comportant plusieurs paramètres tel que les compétences équestres, le niveau intellectuel, la capacité de l’individu à communiquer, à transmettre et à fédérer, le civisme, le bon comportement etc .. Les cavaliers qui se sont distingués lors de la cession sont invités à constituer le jury du Tour de l’année suivante au côté des personnes références dans le domaine. Ils reçoivent ainsi un encadrement pratique et deviennent à leur tour un exemple pour les jeunes de la région. Reprise pour chaque année du Tour, elle permet de former environ 20 jeunes pour assurer la préservation et la transmission du savoir ancestral durant toute la phase quinquennale du programme soit environ 4 jeunes par an. Ainsi chaque région disposera d’un groupe de jeunes  organisés en clubs, associations, ou autres ,capables d’encadrer  les cavaliers, d’organiser des concours,  de créer une dynamique régionale et de constituer un point d’ancrage pour les manifestations culturelles, touristiques et sportives autour du cheval.           
Phase 3   : Ces jeunes formateurs, dépositaires du savoir ancestral, qui manifestent le désir d’évoluer dans la préservation du patrimoine et son adaptation à un environnement économique durable sont ensuite chargés de devenir à terme les concepteurs des tableaux du spectacle final.  Chaque année les jeunes issus de la phase 2 de l’année précédente choisissent les cavaliers lors du Tour de Tunisie de l’Equitation Traditionnelle et du Savoir Ancestral, encadrent ces jeunes lors du Cycle de Formation, participent à l’élaboration du scénario, du choix de la musique et de la chorégraphie et assurent la réalisation de leur  tableau
Phase 4 : Elle assure de transmission du savoir ancestral et conclue le programme de la Valorisation des régions et de création d’emplois par la réhabilitation de l’équitation traditionnelle. Les jeunes qui se sont issus au niveau technique et artistique souhaité se voient confiés la responsabilité de réaliser des spectacles équestres, des manifestations sportives, des animations touristiques avec le soutien et l’encadrement de l’association et en collaboration avec les instances régionales et nationales concernées

Formation des  Agents du Patrimoine

Des cycles de formation seront organisés  pour assurer :

  • Formation des candidats aux techniques d’identification, d’inventaire, de répertoriée et de classement des éléments du patrimoine à inscrire Photos : Med Imem Kordi, Hiba Touati, Asma Ben Hassine, Radhouan Ezzouari 
  • Formation des personnes ressources aux techniques de communication et d’identification
  • Encadrement des moniteurs responsables des Gites et des centres de tourisme de randonnée

Les actions rattachées

La Tunisie est une terre inéluctablement façonnée par les sabots des chevaux.  À l’origine, les chevaux de ce pays étaient les chevaux de Numide devenus Barbes, puis vinrent les chevaux Arabes et les voici réunis par le sang. En trois temps forts de l’histoire, nous tressons les liens qui ont uni trois acteurs d’un pays trois fois millénaire : le cheval, la femme et la terre. Cette terre «femme mère» des trois grandes civilisations punique, berbère et arabe a nourri nos âmes et gravé nos esprits par le courage de ses guerriers et le génie de ses penseurs, par les joies de ses conquêtes et les larmes de ses défaites, par le regard furtif et le geste discret, par ce mot qu’on appelle  « dignité »

01-Le spectacle sons et lumières   Hommage à la Tunisie 

Le spectacle sons et lumières : C’est une terre de passion que nous raconterons à travers nos spectacles, une terre de fougue et de lutte, d’intuition et de fête, une terre guerrière et festive, jalouse et généreuse, impulsive et tolérante. Nous la raconterons par le corps, le verbe, la lumière et le son. Ce sera un spectacle d’alternances vives d’éclairages, de couleurs, de musique, de poésie, de danse, de voltiges, d’harmonie, de costumes, de broderies, de chevauchées, de percussions, de youyous, d’encens, et de détonations. Par la narration poétique chorégraphique et musicale, les figures historiques de la Tunisie seront conviées à cohabiter dans un même espace et un même temps, celui du spectacle. Elles tresseront l’histoire, au gré du temps caressant la tresse d’une cavalière et le crin de sa monture.

02-L’équitation traditionnelle :Tunis chante et dance dans ses rues et ses plages 

Un défilé carnaval dans les rues des villes avec chevaux et cavaliers en tenue traditionnelle, une troupe de musique folklorique, une présentation sur des chars tractés par des chevaux des acteurs et des stars du concours hippique, une présentation des spécificités régionales et une foule qui “chante et danse”. Le défilé est clôturé par un spectacle chorégraphié de cavalerie-voltige en front de mer sur la place de la ville hôte.

03Les randonnées équestres et pédestres:

Ou la découverte d’une « Tunisie Autrement » : Prélude de la découverte de la région, du balisage des circuits touristiques, elle doit ouvrir la voix aux premières compétitions de courses d’endurance nationales  et servir de rampe de lancement au  Rallye International de Tunisie d’Endurance à Cheval puis la Vente Internationale des chevaux de Sports Tunisiens qui le clôture.  Considéré comme le principal atout de relance économique du programme, ces actions doivent  constituer les bases de création du Salon du Tourisme équestre et de l’équitation de découverte. 

04-Le Rallye de Tunisie :

Du plus lointain des souvenirs nous  rêvons de parcourir avec vous les chemins, les collines, les plaines, les dunes, les steppes et les maquis empruntés par ces chevaux numides à la conquête de la Méditerranée, les histoires de Rome, Hannibal, Massinissa, Syfax, Missipia, Jughurta , Tarik Ibn Zyad, ses chevaux barbes et l’équitation à la “Jinetta” ou encore la conquête islamique  et ses chevaux arabes Hilaliens symbole de l’errance des marazighs dans le désert tunisien. Nous raviverons l’histoire et le savoir de ce cheval ce méditerranéen maître des Pyrénées, des Alpes et des rives du Rhône ou son empreinte s’est inscrite à jamais, de cet aïeul de l’andalous, du napolitain, du camarguais, du lippizan ou encore de ce prince des hippodromes, cheval aux sabots d’or nommé pur-sang. Le Rallye de Tunisie nous fera découvrir ces parcours de l’histoire, ces stations de notre culture et de notre savoir, cette communion de l’homme et du cheval.

05-Création de postes d’emplois permanents

Dans la Formation et l’Encadrement

Dans la réalisation : Clubs et Gites